"Je m’appelle Sarah Château. J’ai 30 ans. Je travaille dans les secteurs de l’humanitaire et du développement depuis 2005, date de la fin de mes études. J'ai plusieurs expériences à mon actif : mission d'évaluation au Kosovo, coordination de programmes psychosociaux aux Philippines pendant trois ans, trois ans d’expérience sur le thème "migration et développement" au Maroc etc. Ma première mission avec MSF a eu lieu de juillet 2011 à janvier 2012. J’étais coordinatrice de projet à Naplouse, en Cisjordanie. Aujourd’hui j’occupe le même poste, mais pour la mission France de MSF, à Paris.
MSF intervient depuis 2004 à Naplouse. En un peu plus de sept ans, ce contexte a beaucoup évolué. Lorsque j’y étais, la situation était plutôt paisible en comparaison avec les années de conflits et de violence qui avaient précédé. Naplouse-ville est devenue très calme et les incursions nocturnes de l’armée israélienne y sont de plus en plus rares.
Mais ce n’est pas le cas dans les villages alentours ni dans le district voisin de Qalqilya où MSF travaille également. Les violences perpétrées par les colons israéliens y sont récurrentes et de plus en plus fréquentes. D’une part parce que les colonies croissent de manière régulière et que les colons sont plus nombreux ; d’autre part, du fait d’un cumul d’événements importants depuis septembre dernier : demande de reconnaissance d’un Etat palestinien auprès de l’Organisation des Nations Unies, intégration des Territoires palestiniens à l’Unesco*, libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit (retenu en otage à Gaza depuis 2005) contre la relaxe de 1 000 prisonniers palestiniens, processus de réconciliation entre le Fatah et le Hamas... Conséquence : en 2011, les actions menées par les colons israéliens contre les villages palestiniens, et notamment dans la région de Naplouse, ont gravement augmenté par rapport à 2010. En parallèle, le processus de colonisation continue d’avancer, le nombre de démolitions de maisons ou structures palestiniennes et le nombre de personnes déplacées ont ainsi doublé entre 2010 et 2011.
A Naplouse, MSF mène un programme psycho-médico-social. Nous prenons en charge des personnes victimes du conflit externe (opérations de l’armée israélienne, attaques de colons…) ou interne (entre membres du Hamas et du Fatah suite aux élections de 2006). Notre approche repose sur des thérapies courtes (8 à 15 consultations par patients). Nous travaillons principalement sur les symptômes liés au trauma et des symptômes récurrents comme la peur, l’anxiété, l’énurésie, le repli sur soi, les cauchemars ; et, pour les patients les plus sévèrement atteints, nous prenons en charge les dépressions, les symptômes post traumatique etc. La thérapie courte n’ayant pas d’impact sur les cas chroniques, ces derniers ne peuvent pas être pris en charge par nos psychologues.
Une fois que le patient est en cours de thérapie, le psychologue MSF peut demander le soutien du reste de l’équipe multidisciplinaire. Ainsi le médecin prescrira, par exemple et si nécessaire, des psychotropes, ou prendra en charge les problèmes médicaux. L’assistante sociale quant à elle pourra aider le patient dans ses démarches et/ou trouver des associations d’aide locales qui assureront le relais par la suite, comme des groupes de femmes par exemple".
* Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture