A Jenine, dans cette ville du nord de la Cisjordanie qui a fait l'objet
d'une offensive militaire israélienne d'une rare violence, une équipe
MSF, composée d'un médecin et d'un logisticien, est arrivée samedi 20
avril, en renfort de nos équipes déjà présentes dans les Territoires.
Elle a aussitôt engagé un travail d'évaluation des besoins médicaux et
offert ses services aux structures hospitalières existantes, en
démarrant des distributions de médicaments.
Sur
le district de la ville de Jenine, et à la demande du directeur de
l'hôpital central de la ville, l'équipe MSF s'est rendue dans les
quatre villages de Faq Ua, Jalama, Beit Qad et Deri Abu Dai. Nous y
avons constaté l'ampleur des destructions et la désolation dans
laquelle vit désormais la population. Nous avons à cette occasion
transporté des blessés et distribué des médicaments dans seize centres
de santé dont les pharmacies étaient désespérément vides. Ce travail
n'est qu'un début. Nous avons décidé de poursuivre cette évaluation sur
vingt-cinq villages des faubourgs de Jenine afin d'entamer une mission
permanente sur ce district.
» Couvre-feu permanent et tirs sans sommation
De retour d'Hébron en Cisjordanie, le docteur Jean-Hervé Bradol,
président de Médecins Sans Frontières a exprimé son indignation quant
au drame quotidien des populations palestiniennes. Il a accompagné les
équipes de MSF dans leur travail sur les villages de Yatta, Dura,
Dahariyeh et Samua où elles tentent d'accéder aux blessés et aux
patients nécessitant des soins d'urgence. Ce travail commencé il y a
maintenant plus de quinze jours nous a permis d'évacuer de nombreux
malades sur l'hôpital d'Hébron avec l'aval des autorités militaires
israéliennes qui contrôlent tout mouvement sur le district et
soumettent l'intégralité de la population à un couvre-feu permanent.
Cette ville qui n'a pas été, à l'inverse des autres agglomérations de
Cisjordanie, le théâtre d'affrontements militaires violents entre
combattants palestiniens et soldats de Tsahal, n'a pas pour autant été
épargnée par les exactions de l'armée.
"J'ai
moi-même ramassé des blessés civils palestiniens qui avaient été pris
pour cible alors qu'ils tentaient de vaquer à leurs occupations
quotidiennes. Un vieillard monté sur son toit pour réparer sa citerne
d'eau criblée de balles a été abattu sans sommation pour la seule
raison qu'il ne respectait pas le couvre-feu imposé. Un père et son
enfant qui pensaient pouvoir prendre l'air quelques minutes après avoir
été soumis à un enfermement de plusieurs jours ont également été
sommairement abattus par des tireurs d'élite de l'armée israélienne qui
se gardent de tout contact avec la population par crainte des
attentats", a expliqué le Dr Jean-Hervé Bradol. "Tirer sur des civils
est un crime", a-t-il conclu.
Dans la bande de Gaza, nous poursuivons notre programme d'assistance
médicale et psychologique aux populations les plus exposées,
c'est-à-dire celles qui vivent à proximité des colonies, des barrages
militaires et des garnisons permanentes de l'armée israélienne. La
tension y est évidente et la population vit sous la crainte d'une
intervention militaire israélienne à l'instar de ce qui s'est passé ces
dernières semaines sur Bethléem, Ramallah, Naplouse ou Jenine.
Jean-Hervé
Bradol, enfin, ajoute qu'il est tout autant indigné de constater que la
population israélienne vit, elle aussi, dans un état de peur constante,
liée aux attentats suicides perpétrés en Israël.