Faites un don
Nos équipes sont mobilisées 24h/24 pour venir en aide aux victimes. Faites un don au “Fonds régional - Urgence Gaza" pour nous aider à poursuivre nos actions dans les zones touchées par ce conflit.
Nos équipes sont mobilisées 24h/24 pour venir en aide aux victimes. Faites un don au “Fonds régional - Urgence Gaza" pour nous aider à poursuivre nos actions dans les zones touchées par ce conflit.
Employé ukrainien de MSF, Aleksandr Burmin* travaillait à Kiev quand la guerre a éclaté le 24 février dernier. Alors qu'il avait déjà dû fuir l'est du pays en 2014 à cause du conflit dans le Donbass, il témoigne de ce qu'il vit depuis que les bombes tombent sur la capitale ukrainienne.
Le 24 février à Kiev, j’ai été réveillé au lever du jour par le son des explosions et des sirènes. J’ai été pris d’angoisse. Quelque chose d'irréversible venait de se produire et la lueur d'espoir que beaucoup d'entre nous avaient entretenue, malgré la peur d'une guerre imminente, venait d’être violemment anéantie.
J'ai grandi dans l'est de l'Ukraine, au milieu des plaines et des terrils de charbon. Après avoir étudié à l'école internationale de langues de Horlivka, une ville à 30 kilomètres au nord de Donetsk, j'ai quitté l'Ukraine pour les États-Unis. Puis, je suis revenu dans mon pays pour me rapprocher de ma famille.
Quand la guerre a éclaté en 2014, j'ai été contraint de m'installer à Kiev, où j’ai été enregistré en tant « personne déplacée à l'intérieur du pays ». J'ai lentement trouvé mes marques dans la capitale, travaillant pour des organisations de la société civile, puis pour une organisation internationale de lutte contre la pauvreté, avant de rejoindre Médecins Sans Frontières. L'objectif de MSF étant d'améliorer l'accès aux soins de santé dans l'est de l'Ukraine, j'y ai vu l'occasion de maintenir des liens avec une région à laquelle je suis resté profondément attaché, même si je continuais de vivre à Kiev.
La tragédie de l'est de l'Ukraine s'est désormais étendue à l'ensemble du pays. En un temps extrêmement court, des millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer. Beaucoup sont déplacées à l'intérieur de l’Ukraine et quelque deux millions de personnes sont désormais réfugiées dans les pays voisins.
Aujourd’hui, je suis à nouveau une « personne déplacée ». Alors que la guerre frappait Kiev de plein fouet, avec des frappes aériennes intenses et des combats de rue, j'ai pris la douloureuse décision de partir. J'étais resté jusque-là, même si dès le premier jour des centaines de milliers de personnes fuyaient la ville.
Pendant des jours, je n'ai entendu que le bruit assourdissant des bombardements, des roquettes et de l'artillerie. Puis un jour, mes collègues m'ont appelé pour me dire que l'un des derniers convois humanitaires allait bientôt quitter Kiev. J'ai paniqué. J'ai eu la sensation que la ville se vidait de toute vie humaine. À la hâte, j'ai mis quelques vêtements dans un sac et pris les documents les plus importants. Ensuite, je suis monté dans ma voiture et j’ai quitté Kiev.
Je suis à présent sur la route parmi la vaste et interminable file de personnes qui se pressent vers l'ouest de l'Ukraine. Je me sens perdu et désorienté. Je suis en colère contre cette guerre et horrifié par les souffrances insensées qui sont infligées, tout en redoutant ce qui va suivre.
Malgré tout, je me sens plus chanceux que nombre de mes collègues de l'est du pays qui vivent actuellement l'enfer. Le siège de Marioupol me remplit de rage. Volnovakha est une ville fantôme, pilonnée par les frappes aériennes. Les écoles, les hôpitaux et les maisons sont endommagés. Tous les progrès réalisés dans l'est de l'Ukraine au cours des années qui ont suivi la guerre de 2014 sont aujourd'hui en ruines.
Même les organisations d'aide ont cessé de fournir une assistance humanitaire qui contribuait au développement de l’est de l’Ukraine. MSF a décidé de ne plus assurer directement de services de santé, mais de soutenir le système de santé afin d'améliorer l'accès aux soins. Nous avons apporté notre appui à un réseau de volontaires spécialisés en santé communautaire. Ils souhaitent aider les habitants des villages éloignés, dont beaucoup sont des personnes âgées, à recevoir un diagnostic et un traitement rapide pour leurs maladies.
Dans ce contexte radicalement différent, le travail que je faisais avec MSF n'est plus possible. Beaucoup de mes collègues se trouvent dans la même situation. Mais même dans les circonstances les plus dramatiques, ils travaillent dur pour fournir une assistance médicale d'urgence.
* Son nom a été modifié pour préserver son anonymat.
À lire aussi
Communiqué de presse