Pour cette première visite, qui a eu lieu le 26 novembre, nous nous sommes présentés aux membres du conseil municipal et leur avons expliqué ce que nous pouvions faire. On s’est rapidement aperçu qu’il n’y avait aucun personnel médical et que le médecin était parti il y a longtemps. Pendant plus de huit mois, les quelque 700 habitants du village ont eu un accès aux soins de santé très restreint.
Une volontaire avait repris, comme elle le pouvait, la gestion de la petite structure de santé locale. Elle donnait des médicaments aux habitants, en fonction des prescriptions que le médecin avait faites avant de partir. Elle a réussi à tenir toute seule pendant tout ce temps, ce qui est assez impressionnant, mais les habitants n’avaient pas vu de médecin depuis des mois. Nous avons donc rapidement organisé une clinique mobile, et c’est elle qui a prévenu et rassemblé les habitants pour la venue de notre équipe médicale.
Lorsque nous sommes revenus deux jours plus tard avec un médecin, une infirmière et une psychologue, une trentaine de personnes nous attendaient. La plupart des patients souffraient de maladies chroniques, comme l’hypertension ou le diabète par exemple. Il n’y a pas d’ambulance à Myrolyubivka, le système de transfert est défaillant. En cas d’urgence, les habitants doivent se débrouiller par eux-mêmes pour trouver une voiture et se rendre à Kherson, ce qui est compliqué, car la ville est sous bombardement quasi constant depuis une semaine.
Notre psychologue a également réalisé des consultations, principalement pour des traumatismes liés au conflit. Les habitants ont subi des bombardements, certains ont perdu un proche. Nous avons reçu deux enfants qui avaient passé huit mois dans une cave. Les habitants nous racontent également la manière dont ils ont résisté pendant cette période. Mais ils ont encore du mal à s’ouvrir sur ce qu’ils ont vécu.