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Un an après le séisme : MSF continue de proposer des soins psychologiques dans la province du Sichuan.

Leigu région de Beichuan  avril 2009
Leigu, région de Beichuan - avril 2009 © Anna Tsuji/MSF

Le 12 mai 2008, un tremblement de terre a dévasté la province du Sichuan, causant la mort de plus de 80 000 personnes et privant 10 millions de rescapés de leur toit. Un an après, les personnes déplacées qui ont perdu famille, maison et emploi lors du séisme souffrent toujours de troubles psychologiques et ont besoin de soutien pour reconstruire leur vie.

Le 12 mai 2008, un tremblement de terre a dévasté la province du Sichuan, causant la mort de plus de 80 000 personnes et privant 10 millions de rescapés de leur toit. Un an après, les personnes déplacées qui ont perdu famille, maison et emploi lors du séisme souffrent toujours de troubles psychologiques et ont besoin de soutien pour reconstruire leur vie.

MSF continue d'offrir des soins psychologiques aux victimes de ce tremblement de terre.

Le processus de reconstruction des maisons détruites est en cours depuis décembre 2008. Cependant, même un an après, la majorité des rescapés ne constatera pas de profonds changements dans leur vie. « Les écoles et les hôpitaux sont la première priorité. Leur reconstruction sera achevée dans un ou deux ans », affirme Tamara Pierson, coordinatrice terrain MSF dans le Sichuan. « Un grand nombre de personnes vivent toujours dans des abris provisoires et ne savent pas quand ils pourront reconstruire leur maison. Si cela peut être perçu comme une situation chronique, le niveau global des conditions de vie est relativement stable en termes d'accès aux biens de première nécessité, à l'eau et l'assainissement, mais aussi en termes de sécurité, de qualité des installations électriques et de structures civiles. »

À l'approche du premier anniversaire du séisme, les rescapés sont devenus émotifs et ont peur qu'une nouvelle catastrophe naturelle ne survienne. En septembre 2008, de fortes pluies ont provoqué des inondations dans le comté de Beichuan et les éboulements de terrain ont détruit les abris provisoires installés à Leigu. Depuis que la saison des pluies a commencé cette année, les rescapés sont plus anxieux car ils craignent que les précipitations ne provoquent d'autres inondations. Ils ont peur de revenir une nouvelle fois au point de départ.

Erica Pellizzari, responsable MSF en santé mentale dans le Sichuan, a déclaré que les rescapés souffraient de troubles psychologiques non seulement à cause du traumatisme lié au séisme mais aussi à cause de leur anxiété permanente face au futur. « Les gens ont du mal à accepter la réalité. Les rescapés ne voient pas seulement leur expérience resurgir sous forme de cauchemars ou de flashbacks, ils souffrent également d'insomnies, de nombreux maux de tête et se plaignent à cause du stress, d'une anxiété constante, et d'un manque d'espoir. Puisqu'elles ont tout perdu, certaines personnes se posent des questions sur leur avenir. "Que devrais-je faire ? Que va-t-il arriver ? Est-ce que je serai capable de reconstruire ma maison ?" Nous sommes aussi ici pour aider ce genre de personnes, car tout cela est lié à un seul problème. Je pense que dans certains cas, la dure expérience du séisme et leur situation peuvent être la source de leur souffrance psychologique. »

Depuis novembre 2008, en collaboration avec l'Académie chinoise des sciences et le Centre chinois d'intervention de crise, MSF propose des soins psychologiques dans le comté de Beichuan et dans la ville de Mianzhu. Il s'agit de répondre aux besoins actuels en soutien psychologique parmi les victimes du séisme. Sous la supervision de psychologues MSF, dix conseillers chinois proposent un accompagnement psychologique dans les espaces de consultation mis en place dans cinq camps provisoires à Bayi School, Yon Xhin, Wudu, ZhuLin et Leigu, situés dans la région de Mianzhu et dans le comté de Beichuan. Les conseillers donnent des consultations à domicile ou reçoivent les rescapés au centre de consultation, afin de déterminer s'ils ont besoin de soins ou non.

« Je pense que de nombreuses personnes ont toujours besoin de soutien psychologique. Après évaluation de l'état psychologique des rescapés, environ 50 % d'entre eux deviennent nos patients », déclare Erica Pellizzari. « Les symptômes les plus communs sont les troubles du sommeil comme l'insomnie, une anxiété constante, la peur que quelque chose d'autre n'arrive, une tristesse permanente, une forte émotivité, des cauchemars ou des flashbacks persistants où le sujet revit un événement traumatique et des difficultés à se souvenir ou se concentrer. Parfois, les gens souffriront toujours, même un an après l'événement traumatique car ils ne sont pas capables de le surmonter seuls. Ces symptômes sont typiques chez les personnes qui ont vécu un événement aussi destructeur et inattendu qu'un tremblement de terre. Professionnellement, il est entendu que la plupart des rescapés présenteront des symptômes après une catastrophe naturelle et que ces derniers disparaîtront petit à petit. Cependant, il y aura toujours des personnes qui auront besoin d'une aide psychologique spécialisée pour retrouver leur état psychologique antérieur. »

Pour les personnes qui ont besoin de soins psychologiques, les conseillers MSF proposent un accompagnement psychologique, afin de les aider à exprimer leur traumatisme et à accepter leurs sentiments. À travers ce processus de « révélation de soi », les patients peuvent accepter la réalité. En conséquence, leurs symptômes s'atténuent petit à petit et ils peuvent reconstruire leur vie.

Lou Junwei, conseiller MSF à Leigu, décrit comment un de ses patients a guéri après avoir bénéficié d'un accompagnent psychologique. « Il a perdu sa femme lors du tremblement de terre. Avant de bénéficier d'une aide psychologique, il ne pouvait pas s'endormir avant une heure du matin et se réveillait à trois heures du matin tous les jours, ce qui signifie qu'il ne dormait que deux heures par jour. Il était très anxieux et n'avait pas de projets pour l'avenir. Il était très triste et désespéré, mais il ne pouvait pas exprimer ses sentiments car, avec deux enfants, il devait agir comme un homme courageux. Après être allé aux consultations, son attitude est devenue très positive. Maintenant, il tient une affaire avec ses enfants à Leigu. »

Avant le tremblement de terre, le soutien psychologique était quelque chose de tout nouveau en Chine et il n'y avait qu'un nombre limité de psychologues pouvant prodiguer des soins cliniques. Dans les régions du Sichuan où MSF travaille, elle est la seule organisation à proposer des soins psychologiques individuels et en groupe. Erica Pellizzari soutient que l'approche clinique est très importante pour que les symptômes des patients s'atténuent. « Si quelqu'un souffre de ces symptômes, participer à des activités de groupe tels que des travaux manuels est positif, mais cela n'atteindra pas vraiment l'essence du problème. Il y a des personnes qui ne seront capables de s'en sortir qu'avec une approche clinique », indique Erica . « Notre programme donne un exemple constructif à la communauté et montre que la thérapie fonctionne et que ses effets sont positifs. »

Jusqu'en mars 2009, l'équipe de MSF a examiné plus de 650 personnes, suivi 300 patients et donné environ 1 500 consultations. MSF supervise également les conseillers chinois et leur propose des formations, afin de les aider à traiter leurs patients et assurer une bonne qualité de soins.

MSF intervient depuis mai 2008 dans le Sichuan, la région touchée par le tremblement de terre. Actuellement, 13 nationaux et 3 expatriés y proposent une aide psychologique. Depuis 2003, MSF offre également une prise en charge du VIH/Sida à Nanning, dans la région autonome de Guangxi Zhung. MSF intervient en Chine depuis 1989.

Notes

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