Un antirétroviral clé toujours indisponible malgré les promesses du laboratoire

Les malades du sida dans les pays en développement sont privés des innovations thérapeutiques qui pourraient leur sauver la vie. MSF refuse la pratique courante des sociétés pharmaceutiques qui commercialisent en Afrique en Asie et en Amérique Latin
© MSF

Vendu sous le nom de Viread® (tenofovir disoproxil fumarate) aux Etats-Unis, le tenofovir représente aujourd'hui un médicament clé dans le traitement des malades du sida. Pourtant, plus de trois ans après l'annonce par son producteur, le laboratoire Gilead Sciences, d'un « Programme d'Accès » pour le tenofovir, ce médicament antirétroviral clé pour le traitement des malades du sida reste largement indisponible dans les pays en développement.

Gilead est l'unique producteur du tenofovir, aucune version générique n'ayant été validée au niveau international. En décembre 2002, le laboratoire avait annoncé que ce nouveau médicament serait disponible à un prix réduit dans 68 puis 97 pays en développement, grâce à son « Programme d'Accès au Viread ».

Toutefois, au cours des trois dernières années, le tenofovir n'a été enregistré pour utilisation qu'aux Bahamas, en Gambie, au Kenya, au Rwanda, en Ouganda et en Zambie. Hormis ces six pays, le laboratoire n'a pas demandé les autorisations de commercialisation nécessaires ni entrepris d'autres démarches pour rendre ce médicament accessible aux pays pauvres.

En Afrique du Sud, par exemple, Gilead n'a terminé la procédure d'enregistrement qu'en novembre 2005, soit trois ans après l'annonce d'une réduction du prix pour certains pays en développement. En tenant compte du délai habituel entre la soumission et l'approbation d'un dossier d'enregistrement pour un nouveau médicament en Afrique du Sud, le traitement a peu de chance d'être disponible pour les patients avant 2007. Soit un délai de 5 ans entre l'annonce de Gilead et la mise à disposition effective.

Effets d'annonce

Pour fournir le médicament à leurs patients en Afrique du Sud, les médecins de MSF ont obtenu une autorisation spéciale dans le cadre de la législation sud-africaine. Néanmoins, pour importer le tenofovir directement de Gilead en Californie, ils sont obligés d'entreprendre une série de démarches particulièrement contraignantes, comme par exemple fournir des listes détaillées contenant les noms de chaque patient ayant besoin du traitement.

Ainsi, concrètement, les innovations thérapeutiques annoncées ces dernières années ne profitent pas aux patients vivant dans les pays pauvres. Malgré les promesses ou plutôt les effets d'annonce du laboratoire.

Dossier spécial accès aux médicaments essentiels

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Notes

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