« Les infections résistantes aux antibiotiques posent un problème de santé publique particulièrement pressant au Moyen-Orient », explique Marc Schakal, chef de mission de MSF pour la Jordanie et l’Irak. Lors de ses récentes actions humanitaires auprès des blessés de guerre et des réfugiés en Jordanie, en Irak, en Syrie, en Afghanistan, au Pakistan et en Palestine, MSF a observé un niveau élevé d’agents pathogènes multi-résistants. Ces infections résistantes aux antibiotiques menacent les vies des patients et font exploser le coût des soins.
Si ces infections représentent un véritable défi, il n’est pas impossible d’y faire face. Pour encourager les discussions et les échanges autour de ces enjeux et pour envisager des réponses possibles, MSF a décidé de réunir un groupe d’experts à Amman, afin de dresser l’état des lieux de ce problème, en se concentrant tout particulièrement sur la Jordanie, la Syrie, l’Irak et le Yémen. L’objectif est d’étudier les approches qui pourraient aider à allonger la durée de vie des antibiotiques existants, tout en réduisant le risque d’infections associées aux soins.
« Nous espérons qu’il se dégagera de ces discussions des idées concrètes et utiles que nous pourrons adapter au contexte du Moyen-Orient, et que les chercheurs et les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux pourront collaborer pour accélérer la mise en œuvre de ces idées. En vous réunissant tous à cette conférence, intervenants, participants et invités, nous avons pour objectif de faciliter ce processus », continue Marc Schakal.
Depuis la création de son projet chirurgical à Amman, en Jordanie, en 2006, MSF est confrontée au défi que représentent les bactéries multi-résistantes. Le projet offre aux blessés de guerre de la région des soins chirurgicaux dans trois spécialités : chirurgie maxillo-faciale, orthopédique et plastique. À ce jour, plus de 3 200 patients ont ainsi pu bénéficier de ces soins. Plus de la moitié des patients pour la chirurgie orthopédique et maxillo-faciale admis dans le projet d’Amman sont arrivés avec une infection multi-résistante. Chaque infection est synonyme d’au moins une ou deux excisions chirurgicales, suivies de six semaines d’antibiotiques. Dans le même temps, les équipes du projet d’urgences de l’hôpital du ministère de la Santé Al Ramtha sont elles aussi confrontées à ces infections résistantes.
Ces infections multi-résistantes représentent un enjeu médical des plus critiques dans tout le Moyen-Orient, un défi qui met les patients en péril et fait grimper en flèche le coût des soins. Pour cette raison, MSF a souhaité ouvrir la porte aux échanges scientifiques et lancer un débat constructif entre des participants venus des quatre coins du monde. « Nous espérons qu’il se dégagera de cette conférence des recommandations concrètes et utiles qui nous aideront tous à faire encore plus pour nos patients. Ceux que nous traitons aujourd’hui, et ceux que nous traiterons demain », décalre Marc Schakal.