Il y a plusieurs hôpitaux généraux de référence à Phnom Penh, la capitale. Les services pédiatriques des deux structures principales ont été dépassés par l'afflux de malades de la dengue (parfois deux ou trois enfants en même temps, dans le même lit) et les patients ont même dû être installés dans les couloirs. L'hôpital de l'Amitié Khméro-Soviétique (AKS), où MSF mène déjà un programme de prise en charge des malades du sida, a reçu de nombreux patients référés des autres hôpitaux débordés. La situation a été très bien gérée par le personnel hospitalier cambodgien. MSF a fait une donation de matériel médical et de traitements, puis a évalué la situation dans deux districts de la ville où de nombreux cas ont été recensés : des kits de traitement et de prise en charge de la dengue y ont également été distribués.
Evaluations et interventions sur la province de Kompong Cham
Taux de létalité (rapport entre le nombre de décès dus à une maladie et le nombre de personnes qui en sont atteintes) et nombre de cas élevés, cumulés à des difficultés d'accès aux soins : autant de critères qui nous ont poussés à également mener une évaluation sur la province de Kompong Cham, où nous menons également un programme sida depuis 2003 au sein de l'hôpital provincial.
Notre équipe s'est rendue dans les hôpitaux de district de la zone où les stocks de traitement contre la dengue étaient au plus bas, la dernière donation nationale datant de juin. Des donations ont donc été effectuées, une autre visite est prévue dans les jours à venir, puis un contact téléphonique régulier sera mis en place, afin de suivre la situation et d'intervenir si besoin (afflux de malades, besoins en matériel et/ou traitements...).
Pour le moment, seuls les cas simples de dengue sont suivis par les hôpitaux de district. Pour les cas présentant des complications, les patients sont perfusés et stabilisés sur place, puis obligatoirement référés sur l'hôpital provincial où le service pédiatrique a lui aussi été débordé, avec 30% de cas de choc hypovolémique (diminution de la masse sanguine circulante, dont la conséquence principale est une baisse du retour veineux et du débit cardiaque).
MSF a aidé les équipes déjà sur place a réorganiser le département pédiatrique ; investi le service de réanimation ; assuré une présence médicale plus soutenue, notamment la nuit et les week-ends ; proposé des formations sur la dengue et sa prise en charge aux infirmiers et aux nombreux étudiants infirmiers de l'hôpital et apporté son expertise et son expérience de la gestion d'épidémies... Trois infirmiers, deux médecins expatriés et deux médecins cambodgiens ont rejoint le personnel de l'hôpital. Du matériel (congélateur, réfrigérateur, régulateur de tension...) a également été fourni au laboratoire de l'hôpital, où certaines pénuries concernant le matériel de transfusion ont été mises à jour. Nous allons voir ce qu'il est possible de faire à ce propos.
Nous prévoyons aussi d'aller évaluer les besoins au-delà des frontières de la province, notamment à Kratié où le taux de létalité est de 2,7%, ainsi que sur d'autres localités où personne n'est encore intervenu et où le nombre de cas rapporté est élevé.
Gratuité des soins et prévention
Si sur Phnom Penh les soins sont gratuits, il n'en va pas de même pour les hôpitaux de Kompong Cham. Cependant, les frais étant calculés en fonction du niveau social des patients, il semblerait que cela ne soit pas un frein pour les malades. Par contre le transport des cas compliqués devant être référés à l'hôpital provincial n'est pas assuré et c'est donc aux patients d'en assumer les frais. Or, un trajet - en bateau par exemple, seul moyen de transport à certains endroits - peut aller jusqu'à 50 $. MSF envisage soit de prendre ces références en charge via un système d'ambulances, soit de payer les frais de transport.
Enfin, toujours dans l'hôpital provincial de Kompong Cham, nous prenons en charge l'assainissement régulier du département pédiatrique (nettoyage et désinfection, diffusion d'insecticides). Des lits neufs ont été installés, ainsi que des moustiquaires (dont 2 500 seront données aux patients qui repartiront chez eux avec). Pour éviter la présence trop forte de moustiques, les herbes folles à l'extérieur de l'hôpital ont été coupées, les trous d'eau comblés et une fumigation avec destruction des gîtes larvaires a été effectuée.