Avant le conflit, les habitants de Houban, à la périphérie de la ville de Taiz, pouvaient se rendre dans un hôpital public du centre-ville en 10 minutes; le trajet peut maintenant prendre six heures.
« Cette distance par rapport aux structures de santé est un problème majeur », déclare Sadeqa, sage-femme MSF à l’hôpital d’Abs. « Les patients ne peuvent pas se déplacer à cause des frappes aériennes et des affrontements, et ils ne sortent pas la nuit car ils craignent d'être attaqués. Une fois, une voiture a été touchée par un bombardement aérien , tuant tous les passagers. »
Le personnel médical est confronté aux mêmes problèmes d'accès aux hôpitaux.
« Le personnel de notre hôpital préfère travailler de nuit de 14 heures à 8 heures pour éviter de voyager la nuit, à cause de l'insécurité sur les routes », a déclaré la coordinatrice du projet MSF, Jana Brandt, à Taiz Houban.
Les obstacles empêchant les mères et les enfants d’accéder à l’hôpital sont aggravés par la vulnérabilité économique de nombreuses familles. Avant l'escalade du conflit en 2015, la plupart des services médicaux au Yémen étaient fournis par des établissements de santé privés, qui étaient relativement abordables. Aujourd’hui, la capacité des Yéménites à accéder à des soins de santé de toutes sortes a considérablement diminué, le conflit ayant détruit le système économique et diminué les ressources financières de la population, laissant une grande majorité de la population dépendante d'établissements de santé publique trop peu nombreux.
La situation inquiétante des mères et des enfants ayant besoin de soins médicaux ne se limite pas aux gouvernorats de Taiz et de Hajjah, mais concerne l’ensemble du pays, en particulier les régions proches de lignes de front comme Hodeidah ou encore Saada.