A Chegutu, une ville de 55 000 habitants située à une centaine de kilomètre à l'ouest d'Harare, la capitale du Zimbabwe, une centaine de personnes sont mortes du choléra.
Et, jusqu'à la semaine dernière, les malades n'y recevaient aucun soin médical, et n'avaient même pas d'eau. Les premiers cas de choléra à Chegutu sont apparus fin novembre.
En trois semaines environ, plus de 600 personnes ont été contaminées et le nombre de décès liées au choléra s'élèverait à plus de cent. On ignore encore le nombre de personnes qui n'ont pas pu se rendre à la clinique et sont décédées chez elles.
Alertée mi-décembre, MSF a envoyé une équipe sur place. L'arrivée au petit centre de traitement du choléra a été un choc pour l'équipe.
Vivants et morts côte à côte à même le sol. « C'était le chaos, décrit Luis Maria Tello, coordinateur médical de l'équipe d'urgence de MSF, il y avait des malades partout, allongés à même le sol. Les patients mourraient de soif par manque d'eau. Les corps de ceux qui étaient morts restaient là. »
Le premier jour, l'équipe a commencé par évacuer les corps et désinfecter les lieux. Ensuite, 150 lits adaptés à la prise en charge du choléra (c'est-à-dire avec un trou pour l'évacuation des selles), 3 500 litres de solution pour la réhydratation intraveineuse et six tentes ont été apportées.
L'espace autour du centre de traitement étant contaminé, l'équipe a construit un nouveau centre, isolé, avec des tentes et des latrines situées dans un espace séparé.
Ni eau ni nourriture. « Les gens restaient à la maison. Tellement de malades mourraient à la clinique qu'ils ne voulaient pas y aller » explique Grand Anthony, en charge de l'eau et de la sanitation. « Ils voulaient se soigner chez eux. »
Par manque de nourriture, de nombreux patients n'ont rien avalé depuis plusieurs jours. Un vieil homme essayait de retirer sa perfusion pour quitter le centre : « J'ai faim, je n'ai pas mangé depuis neuf jours », a-t-il dit. La plupart des centres de santé au Zimbabwe n'ont pas de nourriture pour les patients hospitalisés.
Des dizaines de centres de traitement dans le pays. Selon les estimations des Nations Unies plus de 18 000 cas de choléra ont été enregistrés dans ce pays depuis le mois d'août, et plus d'un millier de personnes sont décédées.
Depuis le mois d'août, MSF a pris en charge plus de 11 000 malades atteints du choléra au Zimbabwe, des dizaines de centres de traitement ont été installés en urgence à travers le pays.
A Harare, la capitale, le nombre de nouveaux malades baisse enfin : 700 patients en une semaine, au lieu de 300 par jour. Dans les zones rurales des provinces de Masvingo et Manicaland, à l'est du pays, les équipes diagnostiquent et soignent une centaine de nouveaux malades par semaine.
Dans cet environnement rural et isolé, il est très difficile d'identifier les cas de choléra. L'intervention est compliquée par la grève d'une partie du personnel du ministère de la Santé zimbabwéen. MSF a recruté des centaines d'infirmiers et agents sanitaires pour assurer une bonne prise en charge des malades.
Mais les besoins restent importants notamment en ce qui concerne l'approvisionnement en nourriture des malades, l'accès à l'eau et les services d'hygiène.