MSF a mis sur pied des centres de traitement du choléra (CTC) à la polyclinique de Budiriro et à l'hôpital des maladies infectieuses d'Harare, où 500 patients ont été traités jusqu'à mi-novembre.
Les trois-quarts des patients proviennent de Budiriro et de Glen View, deux banlieues très peuplées situées au sud-ouest d'Harare et qui totalisent une population de 300000 habitants.
L'épidémie touche également des personnes provenant des banlieues voisines Mbare, Kambuzuma, Kwanzana et Glen Norah. 1,4 million de personnes seront menacées si l'épidémie continue à se propager.
Infirmières débordées. «Il y a tellement de patients que les infirmières ne savent plus où donner de la tête. » décrit Precious Matarutse, le responsable MSF pour l'eau, l'hygiène et l'assainissement à la polyclinique de Budiriro.
« Dans la zone destinée à l'observation des patients, une fillette est décédée, assise sur un banc. Le personnel utilise toutes les pièces disponibles. Des malades qui sont encore dans la zone d'observation sont couchés à même le sol. Un homme est arrivé hier à la clinique pour être soigné. Sa femme venait de mourir à la maison, et c'est ainsi que leur entourage s'est rendu compte de la gravité de la situation. Il est donc important d'intensifier l'information des patients et leur famille."
Limiter la propagation. Le choléra est causé par un agent qui se transmet par l'eau contaminée par des matières fécales. En plus du personnel médical et logistique, l'équipe compte donc des agents désinfection et des travailleurs en hygiène de l'environnement.
Ces derniers désinfectent les maisons des malades, recherchent les personnes avec qui ces derniers ont eu des contacts et supervisent les funérailles. En effet, après avoir lavé du corps du défunt, la tradition veut que l'on serre la main aux visiteurs et que cette cérémonie soit suivie d'un repas, ce qui introduit un risque important d'expansion du choléra.
Conditions sanitaires aggravées. Le choléra est endémique dans certaines zones rurales du Zimbabwe, où il survient chaque année, mais il restait rare dans les zones urbaines du pays, en tout cas jusqu'à ces dernières années. En effet, la plupart des maisons y étaient approvisionnées en eau par des canalisations traitées et étaient pourvues de toilettes à chasse d'eau.
Mais, avec l'aggravation de la crise économique, les conditions de vie ne cessent de se détériorer, et ces zones urbaines sont de plus en plus touchées par la maladie. La réduction des infrastructures, la détérioration des conduites d'égout et les coupures d'eau sont les principaux responsables de l'épidémie car la population est alors obligée de puiser l'eau dans des puits non protégés et de déféquer à l'air libre.
Pendant la saison des pluies, qui s'étend de novembre à mars, de fortes pluies amènent l'eau stagnant des égouts vers les puits non protégés. Le fait que les récentes épidémies de choléra ont débuté bien avant les pluies indique clairement que les conditions sanitaires sont en train de se détériorer et que l'eau potable manque. Un facteur d'autant plus préoccupant avec l'arrivée de la saison des pluies.