Traitements
hors de prix, précarité des structures sanitaires, personnel de santé
peu qualifié ou inexistant, mauvais suivi des traitements et risques de
résistances à la maladie... autant de raisons invoquées pour accepter
l'idée qu'on ne pouvait pas, dans les pays à ressources limitées,
traiter les malades par les trithérapies qui, dans les pays riches,
maintiennent en vie des dizaines de milliers de patients.
« Jusqu'à présent, les politiques nationales de santé abordaient la question du sida uniquement sous l'angle de la prévention ou de l'information sur les
modes de transmission de la maladie, dans ces pays» constate Jean-Hervé
Bradol, président de Médecins Sans Frontières.
Confrontées quotidiennement au désarroi des populations touchées par la pandémie de sida,
les équipes de Médecins Sans Frontières ont pris le parti de relever le
défi. Cette année, au Malawi, en Thaïlande, au Cambodge, au Guatemala,
en Afrique du Sud, au Cameroun et au Kenya, nous avons mis en place des
programmes de traitement du sida avec des antirétroviraux, avec les autorités sanitaires locales.
«
Pour l'instant, le suivi du traitement par nos patients est d'une
qualité comparable à celui des patients dans les pays riches, aux Etats
Unis ou en Europe, se réjouit Jean-Hervé Bradol. D'un point de vue
humain, les résultats sont plutôt enthousiasmants. Je pense notamment à
un de nos malades de Surin, en Thaïlande, qui était mourant.
Aujourd'hui, il remonte à bicyclette !»
Convaincus par ces
premiers résultats, qui démontrent la faisabilité de tels programmes
dans les pays en développement, nous considérons qu'il est nécessaire
de les généraliser. Avec d'autres, nous avons ouvert une brèche, mais
n'avons pas pour vocation de développer ces programmes à l'échelle
planétaire.
Il appartient aux Etats et aux institutions
internationales, dont c'est le mandat, de mettre tous les moyens en
œuvre pour y parvenir.
Rappelons que 40 millions de personnes sont actuellement infectées par le virus du sida dans le monde entier, dont 95 % vivent dans les pays en développement.
En Afrique, 25 millions de personnes sont affectées. Quelques milliers
seulement bénéficient des trithérapies.