Dans le cadre de la rencontre entre les chefs de l'Union européenne (UE) et leurs homologues de la Fédération de Russie au Sommet de Rome cette semaine, Médecins Sans Frontières (MSF) a demandé au président de l'UE de faire pression sur le président russe pour garantir la libération d'Arjan Erkel, chef de mission enlevé le 12 août 2002 dans la République russe du Daguestan, en captivité depuis plus de 14 mois.
A la fin juillet 2003, MSF a reçu la preuve qu'Arjan était toujours en vie. Au cours d'une visite officielle en Suisse le 13 octobre dernier, le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, a lui aussi confirmé qu'Arjan était en vie. Ivanov a également affirmé que la Russie faisait tout son possible pour accélérer sa libération. Pourtant, en dépit de ces affirmations qui se veulent rassurantes pour la famille d'Arjan comme pour MSF, le fait que le problème reste irrésolu prouve que davantage doit être fait.
"Après plus de 14 mois de captivité insupportables pour notre collègue, nous demandons instamment à tous les membres de l'Union européenne, et en particulier à son président Silvio Berlusconi, de réclamer des comptes au président russe Vladimir Poutine", affirme Dr Morten Rostrup, président du Conseil International de MSF.
Depuis le jour du kidnapping, le Parlement européen a interpellé deux fois la Russie dans ce sens : après une première résolution adoptée en janvier dernier, il a exigé lors de sa session plénière du 3 juillet que "les autorités russes renforcent leurs efforts pour trouver et libérer Arjan Erkel, chef de mission MSF au Daguestan".
"Arjan est un citoyen européen; MSF saisit donc aujourd'hui l'occasion du Sommet UE-Russie pour que la présidence, assumée par l'Italie jusqu'à la fin de l'année, applique la résolution du Parlement", commente Morten Rostrup.
Arjan Erkel est aujourd'hui le seul travailleur humanitaire étranger en captivité dans le Caucase. Son cas est devenu l'expression claire de la réduction de l'espace humanitaire dans une région qui est en conflit depuis plus de dix ans. Les organisations humanitaires indépendantes ne peuvent plus efficacement fournir une assistance nécessaire à des milliers de victimes, en raison de la très grande insécurité et de l'instabilité qui y règnent.
En août 2003, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l'unanimité la Résolution 1502 sur la sécurité des travailleurs humanitaires, réitérant la responsabilité du pays hôte. Arjan Erkel est pourtant toujours en captivité, et les autres travailleurs humanitaires dans la région russe du Nord Caucase sont toujours menacés.