Avancée majeure dans la lutte contre la tuberculose multirésistante : quatre nouveaux traitements courts et efficaces approuvés par l’OMS

Résultats de l'essai clinique endTB
Résultats de l'essai clinique endTB © Siddharth Singh

Le lundi 19 août, dans une communication, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé trois nouveaux schémas thérapeutiques pour soigner la tuberculose multirésistante ou résistante à la rifampicine (MDR/RR-TB), qui ont été étudiés dans le cadre de l’essai clinique endTB. Il s'agit d'une avancée majeure dans la lutte contre la tuberculose multirésistante dans le monde.

endTB a été mené par un consortium d'organisations dirigé par Médecins Sans Frontières (MSF), Partners In Health (PIH) et Interactive Research and Development (IRD), et financé par Unitaid. Les schémas thérapeutiques recommandés par l'OMS pour la lutte contre la tuberculose ont été étudiés dans sept pays entre 2017 et 2023. Ils sont beaucoup plus courts et au moins aussi efficaces que les traitements conventionnels pour les patients atteints de tuberculose multirésistante. Ils permettent aux patients d'être guéris en neuf mois avec des traitements entièrement oraux. Cela représente une amélioration majeure par rapport au schéma thérapeutique comparé dans le cadre de l’essai endTB, un traitement de 18 mois qui peut inclure des injections quotidiennes douloureuses.

« Après plusieurs décennies de statu quo thérapeutique, et pour la deuxième fois en deux ans, de nouveaux traitements évalués par des acteurs indépendants, dont des ONG, ont été rapidement intégrés par l'OMS dans ses recommandations pour combattre le fléau qu’est la tuberculose multirésistante », a déclaré Dr. Lorenzo Guglielmetti, directeur du projet endTB de Médecins Sans Frontières et co-investigateur principal de l'essai clinique. « Il s'agit d'une avancée majeure pour la santé des millions de patients touchés par cette forme de la maladie, qui est particulièrement difficile à traiter. La tuberculose MR/RR touche environ un demi-million de personnes chaque année et beaucoup en meurent. »

Dans sa communication, l'OMS recommande une seconde innovation : le schéma de traitement de six mois testé au cours de l'essai clinique BEAT-Tuberculosis en Afrique du Sud. Ajoutés au régime de six mois connu sous le nom de « BPaLM », recommandé par l'OMS en 2022 à la suite des résultats de l'essai clinique TB-PRACTECAL parrainé par MSF, ces schémas thérapeutiques offrent une variété longtemps attendue d'alternatives thérapeutiques aux traitements longs et nocifs utilisés jusqu'à présent.

Le Dr Guglielmetti ajoute : « L’industrie pharmaceutique, malgré des financements publics importants, a commercialisé de nouveaux médicaments sans informer sur leur utilisation dans des schémas thérapeutiques.  Ce sont les ONG qui ont dû mener des essais contrôlés afin d'informer sur les utilisations concrètes des nouveaux médicaments. »

Les résultats de l’essai endTB ont conduit l’OMS à déclarer, pour la première fois, que des données probantes l’encouragent à recommander des schémas thérapeutiques plus courts pour de nouveaux groupes de populations comme les enfants, les adolescents, les femmes enceintes et allaitantes. Ces groupes ont toujours été exclus des innovations thérapeutiques ou n'y ont eu accès que tardivement.

« Les médecins peuvent désormais proposer ces avancées à presque tous les patients, augmentant ainsi les chances de guérison, tout en réduisant l'exposition à la toxicité du traitement et la propagation des formes de tuberculose résistantes aux médicaments dans la communauté », déclare la Dr. Carole Mitnick de Partners In Health, directrice de la recherche, co-investigatrice principale pour le projet endTB et professeure de santé mondiale et de médecine sociale à l'école de médecine de Harvard. 

« En réduisant la complexité, la durée et la toxicité des traitements et en augmentant leur nombre, on peut espérer augmenter considérablement le pourcentage de patients traités. Actuellement, au maximum 35% des 500 000 patients sont traités chaque année. Les quatre nouveaux traitements approuvés par l’OMS aujourd’hui dépendent de médicaments dont le brevet principal a expiré et que les médecins connaissent bien. Toutefois, deux d’entre eux reposent sur le délamanide, et l'accès à ce médicament reste extrêmement limité. »

La société japonaise Otsuka, par l'intermédiaire du détenteur exclusif de son brevet, Viatris, maintient le prix du délamanide à un niveau excessivement élevé. « Nous demandons à Otsuka et Viatris de cesser de bloquer la commercialisation de génériques à prix réduit et de partager immédiatement le délamanide avec toutes les entreprises intéressées par la fabrication de versions génériques, plus abordables et dont la qualité est assurée, de ce médicament antituberculeux qui sauve des vies », déclare Christophe Perrin, pharmacien chargé du plaidoyer sur la tuberculose à la Campagne d'accès de MSF. « Otsuka et Viatris doivent également urgemment baisser le prix du délamanide, afin que beaucoup plus de personnes atteintes de tuberculose résistante puissent avoir accès à ce médicament vital dans le cadre de schémas thérapeutiques plus courts et entièrement oraux. »

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