Le coût des essais cliniques représente souvent la majeure partie du coût global de la R&D des produits de santé. Pourtant, les coûts réels restent confidentiels, aucune donnée détaillée sur les budgets de la R&D biomédicale n'étant disponible dans le domaine public.
Les discours politiques utilisent sans réserve les arguments de l’industrie pharmaceutique pour justifier les prix élevés des médicaments par le coût de la R&D et la nécessité de soutenir l’innovation. Or, la recherche a montré qu’il n’y a pas de lien entre les prix des médicaments et les dépenses en R&D. Une plus grande transparence sur le coût des essais cliniques est nécessaire pour orienter les politiques de tarification et les moyens de financer la R&D.
Pendant plus de dix ans, la bédaquiline, médicament indispensable pour le traitement de la tuberculose, est restée inaccessible aux personnes atteintes de la maladie en raison de son prix exorbitant. En révélant que les financements publics pour le développement de la bédaquiline ont été cinq fois supérieurs aux financements privés, des chercheurs ont fourni une information essentielle aux acteurs de la société civile luttant contre la tuberculose, conduisant à une réduction significative du prix de ce médicament qui permet de sauver des vies.
« Le mouvement mondial qui a conduit à une réduction du prix de la bédaquiline a démontré que plus de transparence sur les coûts de R&D peut conduire à un meilleur accès aux dispositifs médicaux et sauver plus de vies, explique Roz Scourse conseillère de MSF pour l’accès aux médicaments. La théorie dominante mais non-étayée selon laquelle des prix élevés sont nécessaires pour amortir les coûts élevés de R&D ne peut plus rester exempte de preuves. Ce sont des informations capitales qui peuvent influencer le prix des produits médicaux et le nombre de personnes qui y auront accès. »