Bangladesh : MSF alerte sur un important afflux de blessés rohingyas en provenance du Myanmar

Une équipe MSF à l'hôpital de Kutupalong se prépare à soigner les patients blessés lors des nouvelles flambées de violence dans les zones frontalières entre le Myanmar et le Bangladesh.
Une équipe MSF à l'hôpital de Kutupalong se prépare à soigner les patients blessés lors des nouvelles flambées de violence dans les zones frontalières entre le Myanmar et le Bangladesh. © Jan Bohm/MSF

Un grand nombre de Rohingyas victimes de blessures de guerre ont franchi la frontière du Bangladesh au cours de la dernière semaine, a constaté Médecins Sans Frontières (MSF), témoignant de l'aggravation du conflit dans l'État de Rakhine, au Myanmar.

Entre le 4 et le 7 août, les équipes de MSF à Cox's Bazar, au Bangladesh, ont soigné 39 personnes pour des blessures liées à la violence. Plus de 40 % de ces blessés étaient des femmes et des enfants. Beaucoup ont été blessés par des obus de mortier ou des balles. Dans la seule journée du 6 août, les équipes MSF ont pris en charge 21 personnesMSF a traité plusieurs blessés en provenance du Myanmar en juillet, mais un tel afflux de blessés graves est inédit depuis un an dans la clinique. 

« Nous sommes très inquiets face à l'augmentation du nombre de blessés rohingyas traversant le Myanmar ces derniers jours et la nature des blessures traitées par nos équipes. Ceci montre que les Rohingyas payent un prix de plus en plus élevé dans ce conflit », déclare Orla Murphy, représentante de MSF au Bangladesh. « Les lieux sûrs pour les civils au Myanmar s’amoindrissent de jour en jour. Ils sont pris au piège des combats en cours et forcés d'entreprendre un voyage périlleux vers le Bangladesh pour se mettre à l'abri. »

Des patients ont décrit au personnel de MSF une situation désespérée dans l'État de Rakhine. Certains ont rapporté des attaques à l’arme lourde touchant les personnes essayant d’embarquer sur des bateaux pour traverser la rivière vers le Bangladesh et échapper aux violences. D'autres ont vu des centaines de cadavres sur les rives du fleuve. De nombreux patients ont dit avoir été séparés de leur famille alors qu'ils se rendaient dans des zones plus sûres et que certains de leurs proches avaient été tués dans les violences. Beaucoup ont dit craindre que les membres de leur famille restés au Myanmar ne survivent pas.

Depuis le coup d'État militaire au Myanmar en 2021, le pays est en proie à une guerre civile meurtrière entre l’armée régulière et une multitude de groupes armés ethniques. Le conflit s'intensifie dans l'État de Rakhine depuis octobre 2023, faisant beaucoup de victimes parmi la population rohingya et paralysant le système de santé.  

« Nos patients nous disent qu'ils ont eu de grandes difficultés à accéder aux structures médicales au Myanmar en raison de linsécurité », explique Orla Murphy. 

Le conflit a également un impact sur les activités médicales de MSF. En juin, MSF a été contrainte de suspendre ses services dans le nord de l'État de Rakhine en raison de la violence, privant ainsi la population de soins médicaux vitaux et aggravant la crise humanitaire.

MSF appelle à la protection immédiate des civils. Les attaques indiscriminées doivent cesser, les civils doivent être autorisés à quitter les lieux pour des zones plus sûres - et ce alors que la frontière bangladaise est officiellement fermée - et l’accès aux soins médicaux vitaux doit être garanti.

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