Suite à l'intervention anti-gale de la préfecture de Calais, les associations demandent un renforcement des moyens sanitaires à destination des migrants.
Face à l'augmentation des cas de gale signalée par les associations travaillant auprès des migrants dans la région de Calais, et confirmée par l'équipe soignante de la PASS (Permanence d'Accès aux Soins de Santé) de l'hôpital, alors saturée, Médecins du Monde et Médecins sans Frontières avaient décidé de mettre en place une intervention médicale d'urgence.
Cette action, menée conjointement avec les associations intervenant sur le Calaisis (Collectif C'SUR, Emmaüs, La Belle Etoile, L'Auberge des migrants, Le Grand Mi, Salam, Secours Catholique, Secours Populaire, Solidarine, Terre d'Errance), devait se dérouler du lundi 17 août au vendredi 21 août.
Outre la prise en charge des personnes infectées par la gale (traitement et douche), cette opération devait s'accompagner d'un traitement préventif des « cas contact », c'est-à-dire des migrants ayant été en contact avec l'épidémie mais n'ayant pas développé de symptômes, la durée d'incubation étant de 2 à 3 semaines. Une consultation médicale complète (y compris vaccin anti-tétanos), la distribution de kits d'hygiène, d'habits et de couvertures ainsi qu'un traitement des lieux de vie devaient également être mis en place.
Au cours des derniers mois, les associations avaient alerté la préfecture à de nombreuses reprises (notamment en juillet et dans une lettre commune datée du 5 août), et clairement fait part de leur intention d'organiser cette semaine d'action. La Préfecture a finalement décidé de la devancer, en lançant le 11 août une opération d'urgence de traitement de la gale. La réquisition de quatre douches, appartenant au Secours Catholique, est prévue pour améliorer l'accès à l'hygiène des migrants.
Médecins du Monde et Médecins Sans Frontières, ainsi que les associations partenaires, notent avec satisfaction que les pouvoirs publics prennent enfin leurs responsabilités vis-à-vis de cette épidémie, ce qui favorise un désengorgement immédiat de la PASS.
Toutefois, les associations restent sceptiques quant à l'impact à moyen terme de cette intervention ponctuelle si des mesures supplémentaires ne sont pas prises pour diminuer les facteurs favorisant la propagation de la gale.
Depuis le début de l'année, la dégradation des conditions d'hygiène s'est accélérée pour les migrants du Calaisis, l'intervention des pouvoirs publics ayant été guidée essentiellement par des motifs sécuritaires, au détriment des logiques sanitaires. Laisser des centaines de personnes vivre dans le plus grand dénuement, sans abri ni point d'eau, ne pouvait qu'avoir des conséquences néfastes sur leur hygiène et leur santé, et favoriser la propagation d'une épidémie de gale.
Les associations rappellent que cette opération coup de poing n'aura qu'une portée très limitée si les pouvoirs publics ne prennent pas leurs responsabilités pour pérenniser les résultats obtenus, en assurant notamment un nombre suffisant de douches et de points d'eau sur le Calaisis et en renforçant les moyens de la PASS de l'hôpital de Calais.
Contacts presse :
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Samuel Hanryon : 01.40.21.29.17- 06.60.62.51.18
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Médecins du Monde :
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