Les équipes MSF ont pris en charge environ 14 000 enfants malnutris dans les différents programmes ambulatoires à Adré et dans les camps alentours depuis le début de l’année. Près de 3 000 enfants ont été hospitalisés dans un état grave à Adré souffrant de malnutrition aigüe sévère et de ses complications, et 80% d’entre eux l’ont été sur la période de juin à octobre à la suite de l’arrivée massive de réfugiés.
Il semblerait que de nombreuses familles fragiles ayant des enfants suivis dans les programmes nutritionnels MSF n’aient pas bénéficié des distributions du Programme Alimentaire Mondial et de ses partenaires, parce qu’elles ne détiennent toujours pas de carte de ration y donnant accès. Le Programme Alimentaire Mondial alerte par ailleurs sur les risques de devoir restreindre ou arrêter une partie de ses activités au Tchad faute de financement suffisant.
Les rescapés des violences au Darfour continuent d’arriver au Tchad, premier pays d’accueil des réfugiés soudanais avec près d’un demi-million d’arrivées depuis avril 2023 qui s’ajoutent aux quelques 400 000 réfugiés soudanais déjà présents sur le territoire. Depuis le début du mois, environ 8 000 personnes ont fui la recrudescence des violences au Darfour en franchissant la frontière vers le Tchad, comme a pu le constater l'équipe MSF proposant vaccinations et soins médicaux au principal poste-frontière à proximité d’Adré.
Femmes, enfants et personnes âgées constituent la majeure partie des personnes réfugiées : sans moyen de subsistance, elles sont accueillies dans des localités tchadiennes où sévit déjà une forte insécurité alimentaire. Ces derniers mois, les agriculteurs n’ont pas pu cultiver leurs champs au Darfour. Face à une demande accrue, la production agricole est en baisse et le prix des denrées explose sur les marchés de l’est du Tchad, avec par exemple plus de 38% d’augmentation sur le prix du mil par rapport à la moyenne des cinq dernières années selon FEWS Net. « Les communautés tchadiennes qui partagent avec les nouveaux et anciens réfugiés soudanais leur accès déjà très limité à l’eau, aux terres arables et aux services de base doivent aussi être soutenues dans cette période particulièrement difficile », rappelle Mohammadou Gado.