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Darfour : MSF explique les conditions de son expulsion et les raisons de son silence

Les sections française et hollandaise de Médecins Sans Frontières tiennent à dénoncer la procédure d’expulsion à laquelle elles ont été soumises par les autorités soudanaises depuis le 4 mars 2009 date de l’émission du mandat d’arrêt con
© Mathilde Berthelot / MSF

Les sections française et hollandaise de Médecins Sans Frontières tiennent à dénoncer la procédure d’expulsion à laquelle elles ont été soumises par les autorités soudanaises depuis le 4 mars 2009, date de l’émission du mandat d’arrêt contre M. Omar El Béchir, président du Soudan.

Paris, Amsterdam, le 22 avril 2009. L’émission de ce mandat a été immédiatement suivie par l’expulsion ou la dissolution de seize ONG présentes au Darfour, assurant jusqu’alors près de 40 % de l’aide humanitaire dans la région.

A présent, l’aide risque d’être davantage octroyée en fonction d’agendas politiques qu’à partir d’une évaluation indépendante menée en fonction des observations de terrain.

Pour justifier cette expulsion, les autorités soudanaises ont accusé les sections expulsées de MSF de collaboration avec la Cour pénale internationale et ont mené une campagne de propagande contre une rhétorique occidentale dont les ONG seraient les représentants.

Les allégations diffusées par la presse ont créé un climat d’hostilité, accentuant les risques encourus par les acteurs de secours au Darfour. Les enlèvements de personnels humanitaires commis au cours de ce dernier mois en témoignent. MSF n’a pas été épargnée par cette campagne de dénigrement.


Au-delà de l’enlèvement de quatre volontaires de la section belge de MSF libérés trois jours plus tard, l’organisation a par exemple été accusée d’utiliser des médicaments périmés, discréditant ainsi la qualité de ses activités médicales.

Immédiatement après l’ordre d’expulsion, la sécurité nationale soudanaise s’est appropriée l’ensemble des biens et servie de véhicules et de matériel d’identification MSF. Les actifs matériels et financiers de MSF ont par ailleurs été saisis par les autorités, pour un montant estimé à 1 million d’euros pour chaque section.

Deux semaines après l’annonce de l’expulsion, un décret ministériel a été promulgué, nous obligeant à payer un montant équivalent à six mois de salaire à l’ensemble de nos personnels, en supplément à ce que stipulait jusqu’alors le droit du travail soudanais.

L’organisation n’a eu d’autre choix que de s’acquitter de cette somme : les passeports de ses derniers expatriés étaient détenus par les autorités, les empêchant ainsi de quitter le pays. De fait, ces manœuvres administratives ont placé nos expatriés en situation d’otage, empêchant toute communication pendant les six dernières semaines.

Aujourd’hui, les possibilités d’intervention au Darfour pour une organisation indépendante de toute considération politique sont plus que jamais questionnées. MSF reste cependant prête à se mobiliser pour fournir une assistance d’urgence si les conditions d’intervention de manière neutre, indépendante et impartiale sont à nouveau réunies.

MSF travaille au Soudan depuis 1978 et fournit une assistance vitale dans différentes régions du Nord Soudan. Depuis 2003, MSF intervient au Darfour et a pratiqué plus de 3 millions de consultations, 60 000 hospitalisations, 10 000 accouchements ou encore 12 000 interventions chirurgicales. Aujourd’hui, six projets MSF sont toujours ouverts au Nord Soudan, leur avenir restant suspendu aux conditions de sécurité et à une nette amélioration des conditions d’interventions au Darfour.

 

Notes

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