L’insuline est un traitement vital pour des millions de personnes atteintes de diabète à travers le monde. Ce nombre est en forte progression et les besoins en insuline humaine vont continuer à augmenter dans les prochaines années. La Fédération internationale du diabète estime que d’ici 2045, le nombre de personnes atteintes de cette maladie chronique aura augmenté de 51%. L’accès à des traitements abordables est absolument crucial pour la survie des patients mais aussi un pré-requis pour permettre notamment aux pays en développement de définir et déployer des stratégies nationales.
Mais à ce jour, l’accès à ces traitements est loin d’être une réalité pour tous. Les capacités de production mondiale restent concentrées entre les mains de trois producteurs, Sanofi, Novo Nordisk et Eli Lilly, ce qui empêche toute compétition et entraîne des répercussions sur l’approvisionnement et les prix de l’insuline dans les pays en développement, mais aussi dans certains pays riches comme les Etats-Unis. Au Mali, le prix d’un flacon d’insuline avoisine les 7 euros alors que le salaire minimum dépasse à peine les 50 euros. Une étude menée dans le pays a montré qu’une année d’approvisionnement en insuline absorbait plus 17% des revenus d’une famille[1].
Ces prix élevés représentent un obstacle majeur à l’accès à l’insuline. Ceci est d’autant plus inacceptable que les prix de production sont estimés à moins de 72 dollars par an et par personne[2], et d’autant plus paradoxal que les inventeurs de l’insuline en avaient cédé les brevets pour un dollar symbolique, en 1923.
L’obstacle du prix s’ajoute à d’autres contraintes que nos associations constatent lors de la prise en charge de patients sur le terrain, comme l’accès aux meilleurs outils d’administration (seringue, stylos…), ainsi que le besoin de conserver l’insuline à une température comprise entre 2 et 8 degrés – recommandation qu’une récente étude co-menée par MSF[3] pourrait permettre de faire évoluer.
La communauté internationale, et la France, doivent prendre des engagements concrets pour contribuer à résoudre les questions d’accès à l’insuline :
- En assurant la transparence sur les prix de vente, les marges des intermédiaires, et les coûts réels de production, pour rééquilibrer le marché de l’insuline et permettre l’accès de tous à ces traitements, en les rendant accessibles pour les budgets des systèmes de santé des pays les plus pauvres. L’urgence de mettre en place de telles mesures a été reconnue par les Etats membres de l’OMS dans le cadre de la résolution sur la transparence sur les marchés pharmaceutiques adoptée par l’Assemblée Mondiale de la Santé en mai 2019.
- En appuyant l’augmentation du nombre de laboratoires produisant une insuline de qualité dans les régions en soutenant plus fortement les initiatives de production locale, notamment à travers le programme de préqualification de l’OMS sur l’insuline humaine.
MSF travaille dans plus de 70 pays à travers le monde et dans la plupart des contextes, l'insuline n'est pas disponible dans les établissements de santé ou les pharmacies privées. MSF fournit un traitement pour le diabète dans le cadre de nombreux projets dans plusieurs pays comme la Jordanie, le Liban, l'Irak, la Syrie, le Sud-Soudan, la République démocratique du Congo, la Tanzanie, le Kenya, le Zimbabwe et le Bangladesh aux personnes vivant avec des ressources limitées, dans des contextes humanitaires dégradés.