Gaza : devant le Conseil de sécurité de l'ONU, MSF dénonce le mépris de la vie des civils et appelle à un cessez-le-feu immédiat

Gaza –  Devant le Conseil de sécurité de l'ONU, MSF dénonce le mépris de la vie des civils et appelle à un cessez-le-feu immédiat
Dans la nuit du 20 au 21 février 2024, les forces israéliennes ont mené une opération à Al Mawasi, Khan Younis, Gaza, où un abri abritant le personnel de MSF et leurs familles a été bombardé. © Mohammed Abed © Mohammed Abed

S'adressant au Conseil de Sécurité des Nations Unies lors de sa réunion mensuelle sur Gaza, Christopher Lockyear, secrétaire général de Médecins Sans Frontières (MSF), a appelé aujourd’hui à un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza. Il a également appelé à protéger les installations médicales, le personnel de santé et les patients. 

« Réunion après réunion, résolution après résolution, ce Conseil a échoué à apporter une réponse efficace à ce conflit », a déclaré Christopher Lockyear. « Nous avons vu les membres de ce Conseil débattre et tergiverser pendant que des civils meurent. Ces morts, ces destructions et ces déplacements forcés sont le résultat de choix militaires et politiques qui méprisent ouvertement la vie des civils. D’autres choix étaient et sont possibles. » 

Après plus de quatre mois de guerre, près de 30 000 Palestiniens ont été tués à Gaza par les attaques et les bombardements incessants menés par Israël. Environ 1,7 million de personnes, soit près de 75 % de la population de la bande de Gaza, ont été contraintes de se déplacer et vivent dans des conditions insalubres et dangereuses. Il devient pratiquement impossible de fournir des soins à Gaza, où les structures médicales ne sont pas épargnées par les attaques. 

« Nos patients souffrent de blessures catastrophiques : membres écrasés, mutilations et brûlures graves », explique Christopher Lockyear. « Ils ont besoin de soins spécialisés et de longues périodes de rééducation. Il est impossible de soigner ces blessures sur un champ de bataille ou dans les décombres d’hôpitaux détruits. Nos chirurgiens sont désormais à court de compresses qui permettent d’empêcher les patients de se vider de leur sang. Ils essorent le sang après les avoir utilisées, les lavent, les stérilisent puis les réutilisent pour le patient suivant. » 

Le 20 février, le jour même où les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies pour un cessez-le-feu, deux membres de la famille d'un employé de MSF ont été tués et six autres personnes – dont cinq femmes et enfants - ont été blessées lorsqu'un char israélien a tiré sur un bâtiment abritant du personnel de MSF et clairement identifié à Al-Mawasi, à Khan Younès. 

La semaine dernière, l’armée israélienne a attaqué l'hôpital Nasser, la plus grande structure médicale du sud de la bande de Gaza, dont elle avait ordonné l’évacuation deux jours avant. Ceux qui en ont été expulsés n'ont nulle part où aller : ils ne peuvent retourner dans le nord de Gaza détruit, et ne sont pas en sécurité à Rafah, dans le sud, où l'armée israélienne mène des frappes aériennes et a annoncé son intention de lancer une vaste offensive terrestre. 

Depuis le début de la guerre à Gaza, les équipes médicales et les patients de MSF ont été contraints d'évacuer dix structures de santé. Au total, cinq membres du personnel de MSF ont été tués. Depuis une semaine, nous sommes sans nouvelles de l’un de nos collègues, détenu par l’armée israélienne à un point de contrôle alors qu’il quittait l’hôpital Nasser. Fournir des soins et de l’aide humanitaire vitale est pratiquement impossible compte tenu de l'intensité des bombardements et des combats. 

« Comment pouvons-nous apporter une réponse humanitaire alors que le personnel médical est ciblé, attaqué, insulté pour son travail d’assistance aux blessés? (...) Nous avons peur. Nos équipes sont épuisées », a déclaré Christopher Lockyear. « Les conséquences du mépris du droit international humanitaire se feront sentir bien au-delà de Gaza. Elles pèseront durablement sur notre conscience collective. A ce stade, nous sommes au-delà de l’inaction politique: nous faisons face à une complicité politique. » 

À lire aussi