Points de passage terrestres essentiels
Des États tiers ont récemment annoncé des efforts pour ouvrir un corridor maritime à partir de Chypre, dont la création d’un port flottant sur la rive de Gaza qui ne sera pas opérationnel avant plusieurs semaines. Des familles entières meurent de faim et ne peuvent pas attendre la construction d’infrastructures côtières : pour sauver leurs vies, les camions remplis de nourriture et de médicaments, actuellement interdits de pénétrer dans Gaza, doivent être autorisés à rentrer sur le territoire immédiatement. En outre, les envois depuis Chypre vers les points de distribution autour de Gaza seront confrontés aux mêmes obstacles que rencontrent actuellement les convois d'aide en provenance de Rafah : une insécurité persistante, un taux élevé de refus d'accès par les forces israéliennes et des temps d’attente excessifs aux postes de contrôle israéliens. Par conséquent, sa création n’aura aucun effet réel sur la situation humanitaire catastrophique, à moins qu'elle n’aille de pair avec un cessez-le-feu immédiat et un plein accès sans entrave à toutes les zones de la bande de Gaza. Le manque de transparence quant à l'entité qui sera responsable de l'infrastructure et de la sécurité de l'acheminement de l'aide à terre suscite également des inquiétudes : les États doivent veiller à ce que le corridor maritime ne légitime pas une occupation militaire terrestre israélienne prolongée de la bande de Gaza instrumentalisant l’acheminement de l'aide.
Au cœur de ce contexte dramatique, nous reconnaissons que toute aide est nécessaire mais nous alarmons sur les conséquences potentiellement dévastatrices de la création d’un dangereux précédent conduisant à la dégradation de l’accès humanitaire terrestre et à la poursuite des hostilités. La réponse humanitaire appropriée aux immenses besoins à Gaza est celle d’un accès sans entrave pour le personnel et l’aide humanitaire prépositionnés depuis des mois du côté égyptien de la frontière. Jusqu’à présent, les autorités israéliennes sont les seules à décider si 2,3 millions de personnes à Gaza peuvent manger, être soignées et avoir un toit au-dessus de leur tête : cette situation ne peut demeurer incontestée. Les organisations humanitaires ont la capacité logistique d’aider les Palestiniens à Gaza : il ne manque que la volonté politique des États pour faire respecter l’accès.
Les organisations humanitaires attendent des États tiers qu'ils utilisent d'urgence leur influence pour obtenir un cessez-le-feu immédiat et obliger les autorités israéliennes à mettre fin à leur blocus délibéré de l’aide humanitaire dans toutes les zones de la bande de Gaza, notamment par l'ouverture totale et la levée des restrictions aux points de passage de Rafah, Kerem Shalom / Karam Abu Salem, Erez / Beit Hanoun et Karni. Nous rappelons que seul un cessez-le-feu immédiat et permanent pourra permettre l’augmentation colossale du flux d’aide humanitaire nécessaire afin de soulager la souffrance de 2,3 millions de personnes dans la bande de Gaza.