Gaza : pénurie critique de fournitures médicales dans les structures soutenues par MSF

Palestine, Khan Younis, sud de Gaza, 23 avril 2024. Photographie prise à l'intérieur de l'hôpital Nasser, après que ce dernier a été assiégé et attaqué par les forces israéliennes. 
Palestine, Khan Younis, sud de Gaza, 23 avril 2024. Photographie prise à l'intérieur de l'hôpital Nasser, après que ce dernier a été assiégé et attaqué par les forces israéliennes.  © Ben Milpas/MSF

À Gaza, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) sont confrontées à de graves pénuries de médicaments et d'équipements essentiels. La fermeture du point de passage de Rafah, à la suite de l'offensive israélienne qui a débuté au mois de mai, ainsi que les interminables formalités administratives imposées par les autorités israéliennes, ont drastiquement ralenti l'acheminement de l'aide humanitaire par le point d'entrée de Kerem Shalom. Témoignage de Guillemette Thomas, coordinatrice médicale de MSF en Palestine.

« La fermeture du point de passage de Rafah et les blocages israéliens ont entraîné d’importantes files d'attente de camions et des retards délétères dans l'acheminement de l'aide humanitaire à travers toute la bande de Gaza. Lorsque l'aide arrive enfin à rentrer, l'insécurité empêche souvent les organisations humanitaires de l'acheminer là où elle est désespérément nécessaire.

Nos stocks sont très réduits en raison du peu d'aide autorisée à entrer dans la bande de Gaza par les autorités israéliennes. Sans un approvisionnement significatif en fournitures médicales dans les prochains jours, MSF risque de considérablement réduire, voire de suspendre certaines de ses activités médicales. C'est une réalité impensable au regard des besoins médicaux immenses et grandissants de milliers de Palestiniens à Gaza.

Nous avons des patients souffrant de brûlures graves, de fractures ouvertes, et nous n'avons même pas assez d'analgésiques pour soulager leurs souffrances. Dans les hôpitaux de Nasser et Al-Aqsa, nos équipes ont dû réduire la fréquence des changements de pansements pour les patients souffrant de brûlures graves en raison du manque de compresses stériles, ce qui risque d'entraîner des infections.

Avec 75 % des habitants de Gaza déplacés et contraints de vivre dans des conditions épouvantables, les équipes de MSF ont constaté au cours du mois dernier une augmentation du nombre de patients atteints de maladies de la peau, comme la gale, tandis que nos stocks de médicaments pour les traiter s'amenuisent dangereusement. À Khan Younès, dans le centre de santé Al-Attar récemment ouvert, nous n'avons pas été en mesure d'offrir des consultations de médecine générale pendant plusieurs jours en raison du manque de fournitures et de médicaments pour mener à bien les activités.

Pendant ce temps, six camions, remplis de 37 tonnes de fournitures, dont la grande majorité sont des produits médicaux essentiels, attendent depuis le 14 juin du côté égyptien du point de passage de Kerem Shalom, sans pouvoir entrer dans la bande de Gaza où ils sont nécessaires pour sauver des vies. Au lieu de cela, ils sont bloqués avec environ 1 200 autres camions qui attendent également de pouvoir passer. C'est incompréhensible et inacceptable.

Les autorités israéliennes doivent ouvrir urgemment d'autres points de passage pour décongestionner celui de Kerem Shalom et accélérer massivement l'acheminement quotidien de l'aide vers Gaza. Nous appelons également tous les belligérants à garantir des itinéraires sûrs pour acheminer l'aide humanitaire à l'intérieur de la bande de Gaza. »

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