Haïti : des dizaines de civils touchés par des balles perdues, alors que de violents affrontements perdurent

Port-au-Prince, Haïti, lundi 21 juin 2022. Ce patient, victime d'un traumatisme crânien, a été emmené au centre d'urgence MSF de Turgeau. 
Port-au-Prince, Haïti, lundi 21 juin 2022. Ce patient, victime d'un traumatisme crânien, a été emmené au centre d'urgence MSF de Turgeau.  © MSF

Depuis le samedi 23 juillet 2022, Médecins Sans Frontières (MSF) a constaté une augmentation significative du nombre de victimes de balles perdues arrivant dans ses structures médicales de la capitale. Suite au récent déclenchement de violents combats entre groupes armés dans les quartiers périphériques du centre-ville, le Centre d'Urgence de MSF à Turgeau a reçu près de 80 blessés par balle, pour la grande majorité des victimes de balles perdues.

« Ces patients ne représentent qu'une petite partie des victimes. Se déplacer est devenu extrêmement dangereux dans plusieurs parties de la ville et de nombreux habitants sont piégés dans leur propre quartier. Cela a rendu les accès aux structures de santé de plus en plus difficiles. MSF a mis en place des cliniques mobiles dans certaines de ces zones afin de rapprocher les soins médicaux des populations touchées. Mais même pour nos équipes médicales, l'accès à ces lieux demeure très compliqué. À au moins trois reprises, les activités des cliniques mobiles de MSF ont dû être reportées ou annulées en raison de la violence des affrontements, privant nos bénéficiaires des soins médicaux essentiels » déplore Rachelle Seguin, coordinatrice médicale pour MSF en Haïti.

Pour donner un exemple, juste après un cessez-le-feu à Cité Soleil, une autre commune de l’arrondissement où les combats font rage, les cliniques mobiles de MSF ont été consultées en quelques heures par plus de 150 patients. 30 d’entre eux étaient des victimes de blessures par balles dont les plaies s’étaient infectées. Ces infections sont des indicateurs sur les dates des traumatismes. Les blessés n'ont pu accéder à temps à des soins médicaux, que ce soit à cause du niveau de violence et de l’intensité des échanges de tirs, ou encore des barricades que les groupes armés érigent voire construisent pour isoler les périmètres qu’ils contrôlent. Dans certaines de ces zones, MSF ne peut traiter les patients que dans des sous-sols ou des pièces sans fenêtre, en raison du danger des tirs croisés et des balles qui se perdent à tout bout de champ.

Depuis la recrudescence des affrontements dans divers quartiers et communes de Port-au-Prince, qu’il s’agisse de Cité-Soleil, Martissant, ou plus récemment de Bel Air, Bas Delmas ou des abords du Centre-Ville, MSF n’a cessé d’observer une baisse considérable des consultations en ambulatoire. « A un an de la fermeture de son centre d’urgence de Martissant, par la suite déplacé plus à l’Est à Turgeau, MSF continue de réitérer ses appels. Les populations doivent être épargnées par la violence des combats et doivent bénéficier d’un accès libre et durable à l'aide humanitaire et aux services de base » rappelle Benoît Vasseur, chef de mission pour MSF en Haïti. « Nous déplorons également que les zones de conflits s’étendent tragiquement dans la capitale haïtienne et ses environs ».

 

Notes

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