Haïti : MSF contrainte de suspendre ses activités de Turgeau à la suite de l’exécution d’un patient

Haïti : 41% de décès liés à la violence dans un quartier de Port-au-Prince, selon une nouvelle enquête
Entrée du Centre d'urgence de Turgeau de MSF dans le centre de la capitale haïtienne Port-au-Prince. Le centre prend en charge les victimes d'accidents de la route, de blessures par balles et autres types de violence. © MSF/Alexandre Marcou

Le 12 décembre, à la sortie du Centre d’Urgence de Médecins sans Frontières (MSF) de Turgeau, un groupe d’individus armés a arrêté une ambulance de l’organisation. Ils en ont sorti le patient de force et l’ont exécuté de plusieurs balles avant de s’enfuir. Afin d'analyser les causes de cette attaque et de réévaluer les risques sécuritaires qui pèsent sur l'organisation et son activité, MSF est contrainte de suspendre ses activités au Centre d’Urgence de Turgeau qui restera fermé pour une durée indéterminée. 

Ambulance attaquée

Le même jour à 16H, le patient avait été admis, gravement blessé, au Centre d’Urgence MSF de Turgeau, un quartier proche du centre-ville de Port-au-Prince. L'homme était dans un état critique et l’équipe médicale avait alors décidé de le transférer dans un hôpital offrant des soins spécialisés.  

Autour de 17H30, un convoi de deux ambulances a quitté la structure pour une référence conjointe. A quelques mètres à peine du Centre d’Urgence MSF, une dizaine d’individus armés ont surgi d’une ruelle et fait barrage au convoi, tapant sur le capot du véhicule de tête et tirant des coups de feu en l’air, avant d’aller inspecter l’intérieur de l’habitacle. Ils ont ensuite ordonné à la seconde ambulance de faire marche arrière avant d’extraire le patient de la première, de le rouer de coups et de l'exécuter de plusieurs balles à bout portant puis de prendre la fuite.   

Absence de sécurité

« MSF demeure l’une des dernières organisations internationales à fournir des soins de santé dans la capitale haïtienne et ne peut pas accepter que ses ambulances soient violemment attaquées et des patients abattus en pleine rue », déclare Benoît Vasseur, Chef de Mission pour MSF. « Pour travailler, nous avons besoin que les structures médicales, le personnel et les patients soient respectés et protégés. Nos équipes ne peuvent pas continuer à soigner sans un minimum de sécurité. »  

« Nous constatons le désarroi et la colère de la population haïtienne qui subit des actes d’une cruauté inégalée et dont nous sommes les témoins directs. Nos programmes accueillent des personnes ayant subi des viols, des actes de torture, des tentatives de meurtres et d’autres sévices. »  

MSF suspend ses activités dans le Centre d’Urgence de Turgeau pour une durée indéterminée, mais continue d’offrir des soins médicaux gratuits à Port au Prince : à l’hôpital de Cité Soleil de Carrefour Drouillard, à la clinique traumatologique et de prise en charge des brûlés de Tabarre et à la clinique SGBV Pran Men’m de Delmas. Nos cliniques mobiles vont également poursuivre leurs interventions régulières dans divers secteurs de la capitale et les camps de déplacés. Dans la péninsule du Sud, nos équipes maintiennent leur accueil des femmes enceintes, qui sont de plus en plus nombreuses à venir accoucher dans notre maternité de Port à Piment.   

Notes

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