Faute de ressources, les distributions de nourriture du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et d’autres acteurs de sécurité alimentaire ne couvrent actuellement qu’une demi-ration quotidienne et une partie seulement des villages touchés. Ceci est d’autant plus inquiétant que l’accès à la nourriture risque de se détériorer encore ces prochains mois, faute de récoltes en juin et tandis que s’amorce habituellement en octobre une période de soudure alimentaire.
L’aide peine également à atteindre les populations, en raison notamment des contraintes spécifiques liées à l’insularité de Madagascar et à la géographie des régions du sud : un territoire semi-aride, avec de nombreux villages enclavés et peu de voies carrossables. Au moins trois jours de route sont nécessaires pour relier la capitale, Antananarivo, au chef-lieu du district d’Amboasary, et il faut ensuite parcourir de longues distances sur des pistes et chemins pour se rendre dans les villages plus reculés. La pandémie de Covid a également poussé les autorités à introduire depuis la mi-mars des restrictions d’entrée et de déplacements sur le territoire malgache.
« Des centaines de milliers de personnes dépendent très fortement de l’aide alimentaire. Une mobilisation conséquente, financière mais aussi logistique et humaine, sera nécessaire pour assurer des rations suffisantes de nourriture, de façon régulière, pendant plusieurs mois. Il faut également que les déplacements du personnel humanitaire soient facilités, notamment par des liaisons aériennes régulières pour entrer dans le pays et s’y déplacer », déclare Bérengère Guais, responsable des opérations d’urgences à MSF. « C'est toute une population éparse, isolée, vivant sur de vastes territoires avec très peu d’infrastructures, qu’il faut secourir, et le temps presse ».