Libye : des dizaines de réfugiés blessés après une tentative d'évasion d'une prison clandestine

Prise en charge de blessés par MSF en Libye, mai 2018
Prise en charge de blessés par MSF en Libye, mai 2018 © MSF

Tunis / Paris / Amsterdam - Mercredi 23 mai au soir, entre 17h et 18h, plus d'une centaine de réfugiés et migrants détenus par les réseaux de trafiquants à Bani Walid, en Libye, ont réussi à s'échapper d'une prison clandestine. Les trafiquants ont ouvert le feu sur eux pendant leur fuite, faisant plusieurs morts et  25 blessés qui ont été transportés à l'hôpital général de Bani Walid.

Les blessés sont pour la plupart des adolescents érythréens, éthiopiens et somaliens, qui cherchent à trouver refuge en Europe. Ils ont raconté avoir été prisonniers des trafiquants qui les ont revendus à plusieurs reprises entre Bani Walid et Nesma.

A l'hôpital général de Bani Walid, une équipe de Médecins Sans Frontières a apporté son soutien au personnel de l'hôpital pour fournir des soins aux 25 personnes blessées. Parmi elles, 18 présentaient des blessures légères. Les équipes leur ont fourni les premiers soins et ont effectué des pansements. Sept autres blessés souffraient de blessures par balle et fractures multiples, et ils ont dû être hospitalisés. MSF a également donné du matériel médical à l'hôpital, pour renflouer ses stocks.

Les rescapés ont déclaré à MSF qu'au moins 15 personnes sont mortes en tentant de fuir, et qu'au moins 40 personnes (dont une majorité de femmes) sont restées dans la prison clandestine. Certains ont déclaré à MSF qu'ils avaient été détenus pendant près de trois ans. Les cicatrices, les marques de brûlures causées par électrocution et de vieilles blessures infectées donnent une idée des épreuves qu'ils ont traversées. Les gens sont traumatisés et la majorité sont des mineurs non accompagnés.

Un groupe de personnes de la ville de Bani Walid, travaillant à l'hôpital public, à la municipalité, des membres d'organisations de la société civile et des membres des forces de sécurité, entre autres, ont réagi rapidement et ont joué un rôle majeur pour protéger les évadés pourchassés par les ravisseurs et des hommes en armes qui tentaient de les capturer à nouveau.

Sous la supervision des forces de sécurité locales de Bani Walid, les migrants ont été transférés dans un local à l’intérieur de la ville. Le lendemain matin, ils ont été transférés dans des centres de détention à Tripoli. Les équipes médicales de MSF à Tripoli ont procédé à des consultations et 14 personnes souffrant de blessures graves, blessures par balles et multiples fractures, ont été référées à l'hôpital.

« Toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour s'assurer que les patients peuvent accéder au traitement requis et pour protéger ces personnes extrêmement vulnérables d'autres épreuves après avoir survécu à de telles atrocités. La détention arbitraire ne peut pas être une solution. Ils ont un besoin urgent de protection et d'assistance », a déclaré Christophe Biteau, chef de mission MSF.

Ceci est le dernier exemple des horreurs continues subies par de nombreux réfugiés et migrants lors de leur transit à travers la Libye. Les équipes de MSF n'ont pas accès aux prisons clandestines des zones de Bani Walid et ne savent pas combien de personnes y sont encore détenues, mais les enlèvements contre rançon restent une activité florissante, encouragée par les politiques européennes visant à criminaliser les réfugiés et les migrants et à les empêcher d'atteindre les côtes européennes à tout prix. À Bani Walid, MSF continue d’assurer, en partenariat avec une association locale, environ 100 consultations par mois en moyenne, autant que l'année dernière.

Médecins Sans Frontières (MSF) travaille depuis un an à Bani Walid - une région où les enlèvements de migrants et de réfugiés et l'utilisation de la torture pour obtenir des rançons sont répandus - pour soutenir les acteurs libyens, aussi horrifiés que nous par la situation et qui fournissent une assistance aux personnes qui parviennent à échapper à ces lieux de captivité cauchemardesques. MSF organise des consultations médicales en partenariat avec une organisation locale (Assalam) pour cette population extrêmement vulnérable, souvent brisée mentalement et physiquement, et organise des références médicales pour les cas les plus graves. MSF travaille dans des centres de détention sous l'autorité du ministère de l'Intérieur et de son agence de lutte contre l'immigration clandestine (DCIM) dans la région de Tripoli, Khoms et Misrata.

Notes

    À lire aussi