« Il est inacceptable qu'un bateau avec 86 personnes en détresse à bord, à seulement 18 milles nautiques, soit moins de 45 minutes des côtes libyennes, ne puisse être secouru. 61 personnes sont mortes, dont des enfants », déclare Virginia Mielgo, coordinatrice de projet MSF à bord du Geo Barents, le navire de recherche et de sauvetage de MSF. « En confiant la responsabilité de la gestion des frontières aux garde-côtes libyens, qui ont une fois de plus démontré leur incapacité à coordonner des activités de recherche et de sauvetage sécurisées, les gouvernements européens se sont rendus complices de leur mort. »
Malgré les alertes lancées aux autorités italiennes, maltaises et libyennes pour les avertir de la situation critique, ce n'est qu'au bout de huit heures qu'un navire marchand, le Vos Triton, a fini par arriver à proximité du bateau en détresse.
À l’insuffisance des dispositifs étatiques de recherche et de sauvetage s’ajoute l’absence de navires de sauvetages d’ONG dans la zone cette nuit-là du fait de l’obstruction délibérée des autorités italiennes au travail de recherche et de sauvetage des navires civils au cours de l’année écoulée. Deux navires d’ONG, dont le Geo Barents, se trouvaient dans la zone où le naufrage s’est produit deux jours auparavant mais ont été contraints de rejoindre des ports volontairement éloignés, au Nord de l’Italie, avec moins de 40 survivants à leur bord.
« Une fois de plus, on nous a assigné un port inutilement éloigné, à Gênes, avec très peu de personnes à bord, et nous avons été contraints de lire, impuissants, les alertes aux autorités restées sans réponse pendant des heures. Alors qu'il était évident que la vie des gens était en danger imminent, rien n'a été fait pour les aider jusqu'à ce qu'il soit trop tard », déclare Mielgo.