Nous avons passé un accord avec le gouvernement éthiopien pour travailler dans la région Somali – aussi appelée Ogaden – et avions déjà effectué plusieurs évaluations des besoins humanitaires de la zone lorsque nos équipes ont dû évacuer fin juillet pour des raisons de sécurité. Malgré des appels répétés ces dernières semaines pour obtenir l'autorisation d'y retourner, le gouvernement éthiopien a refusé l'accès de la région aux équipes de MSF.
« Il y a une crise humanitaire dans la région Somali de l'Ethiopie, explique William Robertson, chef de mission de MSF en Ethiopie. Nos équipes ont soigné des gens qui ont été obligés de fuir de chez eux et qui luttent aujourd'hui pour leur survie avec une aide réduite, voire nulle. Ils vivent dans la peur car ils se retrouvent la cible de groupes armés ou sous les feux croisés de ces groupes. Nous demandons de façon urgente un accès immédiat à la région pour pouvoir aider les civils dans le besoin. »
Une équipe de MSF a vu des villages brûlés et vidés de leurs habitants alors qu'elle effectuait des consultations mobiles et une campagne de vaccination contre la rougeole dans la zone de Wharder. Elle a aidé de nombreuses personnes déclarant avoir été déplacées de force de leur village. Le 24 juillet, les combats ont contraint notre équipe à évacuer. Malgré ces opérations limitées, MSF a soigné plusieurs victimes de coups et de blessures par balle, ce qui fait ressortir la nécessité d'une intervention médicale d'urgence dans la région.
En juillet 2007, nous avons aussi évalué les besoins humanitaires autour de Denan, Garbo, Degahmadow, Sagag et Fiq, situés dans la région Somali. Nos équipes y ont vu des villages entièrement ou partiellement abandonnés et rencontré des villageois et des personnes déplacées qui ont fait état du manque de nourriture.
« La semaine dernière, nous avons demandé aux autorités de nous laisser un accès pour au moins 24 ou 48 heures afin de fournir des médicaments et du matériel au centre de santé de Fiq. Nous savons que ce centre et plus largement le district sont confrontés à une grave pénurie de médicaments, le dernier approvisionnement remontant à six mois, explique Loris De Filippi, coordinateur pour MSF en Ethiopie. Mais, une fois de plus, les autorités ont refusé à notre équipe de se rendre à Fiq depuis la capitale de la région Somali, Jijiga, que ce soit par la route ou par avion. »
Les structures de santé se retrouvant sans personnel ni médicaments du fait de l'insécurité, la situation sanitaire risque de se dégrader encore. Depuis que MSF a conduit ses évaluations voici un mois, aucune ONG humanitaire indépendante n'a pu apporter une aide dans ces zones. La région est particulièrement démunie et connaît de fréquentes crises alimentaires et des famines meurtrières, comme MSF l'avait constaté en 1992 et 2000. Il est impératif que les organisations humanitaires soient autorisées à accéder immédiatement à cette région, sinon les conséquences médicales et nutritionnelles risquent d'être catastrophiques.