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Nigeria : l'augmentation de la violence dans l’état de Zamfara accentue la crise humanitaire

Le service d'hospitalisation pédiatrique, actuellement débordé, à l'hôpital général d'Anka au Nigeria, géré par MSF.
Le service d'hospitalisation pédiatrique, actuellement débordé, à l'hôpital général d'Anka au Nigeria, géré par MSF. © MSF/Ghada Saafan

MSF appelle à une réponse urgente dans l’Etat de Zamfara, dans le nord-ouest du Nigeria, où la violence s’intensifie et la situation se détériore très rapidement. La population manque cruellement de nourriture, d'eau potable, d'abris, de protection et de services de base, y compris des soins de santé. « Ce qui se passe ici est une crise humanitaire qui nécessite une attention particulière et une réponse appropriée et rapide de la part des autorités et de toutes les parties prenantes concernées  » déclare Froukje Pelsma, chef de mission MSF au Nigeria.

« Nos équipes dans l'État de Zamfara sont témoins d'une augmentation alarmante des maladies évitables associées au manque de nourriture, d'eau potable, d'abris et de vaccinations » explique le Dr Godwin Emudanohwo de MSF, s'exprimant depuis l'hôpital soutenu par MSF dans la ville d'Anka. Les enfants continuent d'arriver ici dans un très mauvais état. Au cours des quatre premiers mois de 2021, nos équipes à Anka, Zurmi et Shinkafi ont soigné 10 300 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, rougeole, paludisme, diarrhées aqueuses et infections respiratoires. C'est 50 % de plus qu'à cette même période l'année dernière.

Ce qui a commencé comme des discordes et affrontements occasionnels entre agriculteurs et éleveurs pour des ressources en terres et en eau, de plus en plus rares, s'est transformé en une violence généralisée aléatoire de la part de groupes armés, qui ont recours aux enlèvements et aux pillages.

La plupart des personnes qui arrivent dans les centres de santé de MSF disent avoir été poussées à fuir leurs maisons, leurs fermes et leurs pâturages à cause de la recrudescence de la violence. Certaines ont cherché protection dans les grandes villes comme Anka, où elles s'abritent dans des camps, formels ou non. Les conditions de vie dans ces camps sont désastreuses, sans distribution régulière de nourriture, sans installation d’eau ou d’assainissement suffisant ni abris appropriés. D'autres sont restées dans des villages, trop effrayées pour voyager sur des routes peu sûres et retardant leurs déplacements pour accéder aux soins de santé et aux besoins de base.

« Il n'y a pratiquement pas de nourriture », explique Halima, dont deux des enfants sont traités contre la malnutrition aiguë sévère par MSF à l'hôpital général d'Anka. « Nous ne pouvons plus cultiver parce que des criminels attaquent nos fermes. Deux de mes enfants ont attrapé la rougeole et ils maigrissaient beaucoup. Les routes sont très dangereuses, j'ai dû risquer nos vies pour les emmener à l'hôpital. La dernière fois, lorsque leur sœur aînée a contracté la rougeole, j'ai décidé trop tard de prendre la route et de l'emmener à l'hôpital. Elle a eu des complications et maintenant elle est aveugle. »

En février 2021, plus de 124 000 personnes déplacées vivaient dans l'État de Zamfara, selon l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), soit une augmentation de plus de 12 000 depuis août 2020. Dans la seule ville d'Anka, les équipes MSF ont dénombré plus de 14 000 personnes déplacées, dont environ 1600 sont arrivées au cours des quatre derniers mois.

« Nous avons dû fuir nos pâturages et la plupart de notre bétail a été volé », raconte Nana, qui s'abrite dans un camp de déplacés aux abords d'Anka. Les 150 lits du service pédiatrique de MSF à l'hôpital d'Anka sont déjà occupés, mais le personnel craint que le pire soit encore à venir. « Les familles nous disent qu'elles ne pourront pas cultiver pour la nouvelle saison, ce qui signifie un nouveau cycle de famine. Et la saison des pluies, pendant laquelle le paludisme et d'autres maladies saisonnières augmentent, n'a pas encore commencé. Les gens ici ont besoin de nourriture, d'eau potable et de vaccins maintenant » explique le Dr Emudanohwo.

Les enlèvements, meurtres, vols à main armée et les violences sexuelles se sont multipliés. « De janvier à avril, nos équipes à Zamfara ont reçu plus de 100 victimes de violences sexuelles », explique le Dr Noble Nma, responsable des activités médicales de MSF à Shinkafi, où MSF gère une clinique pour les survivants de violences sexuelles. Des femmes et parfois des hommes sont enlevés par des hommes armés et soumis à des violences pendant plusieurs semaines avant d'être renvoyés dans leur communauté. Cela s'ajoute à la violence à laquelle sont confrontées les femmes au sein de la communauté elle-même.

La peur de voyager sur des routes dangereuses signifie que les victimes de viol demandent souvent de l'aide tardivement. « Elles arrivent donc généralement trop tard dans nos cliniques pour prévenir les infections sexuellement transmissibles, souffrent de graves traumatismes mentaux et ont désespérément besoin de protection », explique le Dr Nma. « Nous savons que beaucoup de ces victimes ont peur de se déplacer et ne viennent même pas jusqu’à nous, alors nous craignons de ne voir que la pointe de l'iceberg ».

Notes

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