« Il n'y a pratiquement pas de nourriture », explique Halima, dont deux des enfants sont traités contre la malnutrition aiguë sévère par MSF à l'hôpital général d'Anka. « Nous ne pouvons plus cultiver parce que des criminels attaquent nos fermes. Deux de mes enfants ont attrapé la rougeole et ils maigrissaient beaucoup. Les routes sont très dangereuses, j'ai dû risquer nos vies pour les emmener à l'hôpital. La dernière fois, lorsque leur sœur aînée a contracté la rougeole, j'ai décidé trop tard de prendre la route et de l'emmener à l'hôpital. Elle a eu des complications et maintenant elle est aveugle. »
En février 2021, plus de 124 000 personnes déplacées vivaient dans l'État de Zamfara, selon l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), soit une augmentation de plus de 12 000 depuis août 2020. Dans la seule ville d'Anka, les équipes MSF ont dénombré plus de 14 000 personnes déplacées, dont environ 1600 sont arrivées au cours des quatre derniers mois.
« Nous avons dû fuir nos pâturages et la plupart de notre bétail a été volé », raconte Nana, qui s'abrite dans un camp de déplacés aux abords d'Anka. Les 150 lits du service pédiatrique de MSF à l'hôpital d'Anka sont déjà occupés, mais le personnel craint que le pire soit encore à venir. « Les familles nous disent qu'elles ne pourront pas cultiver pour la nouvelle saison, ce qui signifie un nouveau cycle de famine. Et la saison des pluies, pendant laquelle le paludisme et d'autres maladies saisonnières augmentent, n'a pas encore commencé. Les gens ici ont besoin de nourriture, d'eau potable et de vaccins maintenant » explique le Dr Emudanohwo.