Nigeria : MSF alerte sur le nombre alarmant d'enfants malnutris traités à Maiduguri

Nigeria : MSF alerte sur le nombre alarmant d'enfants malnutris traités à Maiduguri
Une mère se préparant à partir après avoir assisté à une séance d’éducation sanitaire au centre d’alimentation thérapeutique ambulatoire (ATFC) de l’hôpital de nutrition Nilefa Kiji géré par MSF à Maiduguri, dans l’État de Borno au Nigeria. Son enfant souffrant de malnutrition a été admis au programme d’alimentation ambulatoire. © Nasir Ghafoor/MSF

À Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, les équipes du centre de nutrition thérapeutique de Médecins Sans Frontières (MSF) constatent une augmentation alarmante du nombre d'enfants souffrant de malnutrition, à quelques semaines de la période de soudure et nécessitant un traitement vital. MSF met en garde contre une catastrophe imminente si des mesures immédiates ne sont pas prises.

Depuis le début de l’année, le nombre d’admissions est le plus élevé jamais enregistré par les équipes MSF depuis l’ouverture du centre nutritionnel de Nilefa Kiji à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria. Cette hausse intervient avant la période de soudure annuelle, lorsque les stocks de nourriture de la récolte précédente s'épuisent et que les niveaux de malnutrition atteignent leur maximum.

« L'augmentation massive du nombre d'enfants malnutris exige que les activités de prévention et de traitement de la malnutrition soient immédiatement renforcées afin d'éviter une situation catastrophique lorsque la période de soudure arrivera », explique Htet Aung Kyi, coordinateur médical de MSF.

« Le nombre d'admissions hebdomadaires pour malnutrition sévère et modérée est deux à trois fois plus élevé que la moyenne enregistrée au cours des cinq dernières années, poursuit Htet Aung Kyi. Et la tendance est à la hausse. L'année dernière a été terrible, mais cette année pourrait être pire si cette tendance se poursuit. »

En janvier de cette année, environ 75 enfants ont été admis chaque semaine pour malnutrition sévère dans ce centre géré par MSF. Début avril, le chiffre est passé à près de 150 par semaine, soit deux fois plus qu'il y a un an.

La malnutrition n'est pas un phénomène nouveau à Maiduguri, où des années de conflit et d'insécurité ont conduit à une situation humanitaire critique. De nombreuses personnes ont été déplacées et vivent désormais dans des conditions précaires dans des sites informels, au sein de communautés d'accueil ou en transit dans des camps de détention.

Le nombre de patients traités par MSF pour malnutrition sévère a explosé en 2022, avec plus de 8 000 enfants hospitalisés pour des soins nutritionnels intensifs. À cette époque, un enfant sur sept provenait du camp de détention de Hajj, mis sur pied par les autorités pour les anciens membres des groupes d'opposition armés, leurs familles et ceux qui vivaient sous leur contrôle. Nombre d'entre eux sont arrivés dans ce camp de transit dans un état de santé précaire qui s'est aggravé en raison des conditions de vie difficiles sur place.

La fin de l'année 2021 a vu la fermeture des camps officiels de personnes déplacées et la réduction de l'aide humanitaire et alimentaire. En plus des conditions de vie qui sont extrêmement difficiles, certains des déplacés sont soumis à des restrictions de mouvement, ce qui les empêche de gagner leur vie ou de cultiver leurs terres. Plus récemment, la vulnérabilité des populations s’est aggravée du fait de la pénurie d'argent liquide qui a suivi le changement de la monnaie nigériane à la fin de l'année 2022, et à la destruction récente de certains marchés à Maiduguri.

Les autorités et les organisations humanitaires doivent immédiatement intensifier les activités liées à la malnutrition et augmenter le nombre de lits dans les centres de nutrition thérapeutique intensive, mais elles doivent également améliorer les conditions de vie dans les camps de transit et élargir l'accès des personnes aux soins de santé. À ce stade, seuls 16 % des fonds demandés par les Nations unies et leurs partenaires pour financer les activités du secteur nutritionnel dans leur plan de réponse humanitaire 2023 pour le nord-est du Nigeria ont été obtenus.

Les équipes MSF répondent également à une crise sanitaire et nutritionnelle de grande ampleur dans le nord-ouest du Nigeria, travaillant dans 32 centres nutritionnels thérapeutiques ambulatoires et 10 centres nutritionnels thérapeutiques hospitaliers dans les États de Kano, Katsina, Kebbi, Sokoto et Zamfara. L'année dernière, MSF a traité 147 860 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère dans le nord-ouest du Nigeria.

Notes

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