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Paris : un campement inédit alerte sur le sort des mineurs isolés étrangers à la rue

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Ce campement inédit est installé à Paris, dans le XIe arrondissement. Une centaine de jeunes y ont trouvé refuge.  © Lisa Veran / MSF

Dans la nuit, un campement abritant une centaine d’adolescents s’est installé dans le 11e arrondissement de Paris, square Jules Ferry. Faute de dispositif mis en place par les départements, leur protection et leur hébergement reposaient jusqu’à présent uniquement sur les associations. Face à cette situation dramatique, nos cinq associations [Le Comité pour la santé des exilé.e.s (Comede), Médecins Sans Frontières (MSF), les Midis du MIE, TIMMY – Soutien aux Mineurs Exilés et Utopia 56] interpellent les conseils départementaux d’Ile-de-France et demandent que soit enfin organisée une prise en charge réelle et systématique des mineurs isolés étrangers.  

Comme de nombreux autres, les adolescents qui occupent ce campement sont en recours auprès de juges pour enfants d’Ile-de-France pour faire valoir leurs droits à une protection par l’Aide Sociale à l’Enfance, qui agit sous la responsabilité des départements.

Cette protection leur a été refusée à l’issue de premiers entretiens menés par les départements. Or, ces évaluations de minorité et d’isolement sont souvent conduites de façon expéditive, sans interprète et ne tiennent pas compte d’éventuels documents d’identité. Elles comportent ainsi une grande marge d’erreur. A titre d’exemple, 56% des adolescents accompagnés par Médecins Sans Frontières en 2018 dont la minorité était contestée par les départements ont finalement été reconnus mineurs par un juge des enfants en 2019, après de nombreux mois livrés à eux-mêmes.

Les personnes se déclarant mineures et isolées doivent être considérées comme des enfants en danger et protégées comme tels, sans distinction de nationalité. Pourtant, depuis des années, nombreux sont ceux qui se retrouvent privés de la protection des départements et n’ont d’autre alternative que la rue. Cet abandon a notamment été flagrant durant la trêve hivernale et la pandémie de Covid-19, où les associations et collectifs citoyens ont été les seuls soutiens de centaines de mineurs isolés étrangers.

Le Comité pour la santé des exilé.e.s (Comede), Médecins Sans Frontières (MSF), les Midis du MIE, TIMMY – Soutien aux Mineurs Exilés et Utopia 56 interpellent les conseils départementaux d’Ile-de-France sur les conditions de vie inacceptables des mineurs étrangers et la précarité vers laquelle ils sont sciemment poussés. Elles demandent à ce que soit enfin organisée une prise en charge réelle et systématique des jeunes se déclarant mineurs et isolés, c’est-à-dire un hébergement adapté à leur vulnérabilité ainsi qu’un accompagnement éducatif, sanitaire et social, et ce jusqu’à la décision judiciaire finale statuant sur leur situation.

Les conseils départementaux sont responsables des mineurs isolés étrangers. Les associations et les collectifs citoyens n’œuvrent, eux, que dans un but humanitaire pour pallier les manquements des pouvoirs publics. Il est temps que les départements d’Ile-de-France assument pleinement leur obligation de protection et de prise en charge de ces jeunes et cessent de se défausser sur les associations et collectifs citoyens.

Notes

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