Paris, le 16 décembre 2009 - Les demandeurs d'asile et les migrants subissent des politiques de plus en plus restrictives qui portent atteinte à leur santé physique et mentale. Pour fuir les conflits, la pauvreté et les violations des droits de l'homme, ils doivent faire de longs voyages périlleux avant d'atteindre l'Europe.
Lorsque enfin ils arrivent, ils sont nombreux à se retrouver en détention prolongée, dans des conditions de vie déplorables et sans accès aux soins de santé. D'autres restent bloqués aux portes de l'Europe ou sont interceptés et renvoyés dans des pays où leur vie et leur dignité sont en péril.
A l'occasion de la Journée internationale des migrants, Médecins Sans Frontières demande instamment aux responsables politiques de toute l'Europe de respecter la vie et la dignité des migrants et des demandeurs d'asile et d'améliorer leur accès aux services de base, notamment à un abri et aux soins médicaux.
Les équipes MSF viennent en aide aux migrants et aux demandeurs d'asile à différents stades de leur périple. Dans leur pays d'origine comme en Somalie, en Afghanistan, en République démocratique du Congo et au Nigeria, MSF soigne les conséquences médicales des violences et des privations.
Au Maroc, en Grèce, à Malte, en Italie et en France, les équipes MSF dispensent des soins médicaux et psychologiques à ceux qui sont arrivés jusque là : nombre de migrants et de demandeurs d'asile doivent traverser des mers et des déserts dangereux, sont exposés à la violence et à des exactions, emprisonnés et exploités ou sont victimes de contrebandiers et de trafiquants. Les mineurs non accompagnés et les femmes, dont beaucoup sont enceintes, sont de plus en plus nombreux à s'embarquer dans ces dangereux voyages.
À cause des mesures de contrôle aux frontières mises en place par l'Union européenne (UE) ou par certains Etats-membres, bon nombre de sans-papiers et de demandeurs d'asile se retrouvent bloqués aux portes de l'Europe pendant une longue durée ou sont forcés de faire demi-tour et de repartir chez eux. Au Maroc, les migrants et les demandeurs d'asile qui cherchent à entrer dans l'UE vivent souvent dans des conditions précaires et dégradantes et sont victimes de la violence et de l'exploitation.
Entre 2003 et 2009, les équipes MSF au Maroc ont observé 4 000 cas de violences. En Italie, MSF a été contrainte de retirer ses équipes de Lampedusa face à la forte baisse du nombre de migrants et de demandeurs d'asile arrivant sur l'île. Depuis que le gouvernement italien a appliqué des mesures plus strictes au début de l'année, des bateaux avec des migrants et des demandeurs d'asile à leur bord seraient interceptés en mer et renvoyés en Libye, ces personnes étant de nouveau exposées à la violence qu'elles avaient endurée au cours de leur voyage vers l'Europe.
Ceux qui parviennent à atteindre l'Europe sont souvent mis de manière systématique en détention prolongée dans des conditions déplorables. Alors que cela a des graves répercussions sur leur santé physique et mentale, ils ont un accès restreint aux soins médicaux et très rarement à un soutien psychologique.
En Grèce et à Malte, MSF a constaté en travaillant dans les centres de détention pour les sans-papiers et les demandeurs d'asile un grand nombre des cas de dépression d'anxiété majeure et des troubles psychotraumatiques.
« Les centres de détention sont souvent surpeuplés et les conditions d'hygiène désastreuses. De plus, être détenu sans avoir commis un crime et rester dans l'incertitude quant à son avenir engendrent de grandes frustrations », indique Christos Papaioannou, coordinateur de terrain en Grèce pour MSF.
Lorsque la détention prend fin, les perspectives sont sombres pour beaucoup et l'accès aux soins de santé reste hypothétique. Même là où des services médicaux sont disponibles, la barrière de la langue, le manque d'informations et la peur d'être expulsé empêchent les migrants de chercher de l'aide.
En France, MSF offre une aide psychologique aux demandeurs d'asile les plus vulnérables. Beaucoup souffrent de graves troubles psychologiques suite aux violences ou aux persécutions qu'ils ont subies chez eux, au voyage éprouvant qu'ils ont fait et de leur condition de sans-abris en France. Depuis 2007, MSF a donné 10 000 consultations médicales à Paris, la moitié comprenant des soins psychologiques.
« Le fait de travailler à différents stades de leur périple nous donne un aperçu des souffrances qu'ils n'en finissent pas d'endurer. Ce sont des personnes vulnérables qui ont eu leur lot d'épreuves pendant leur voyage et ont été souvent exposées à des exactions et des violences.
Lorsqu'elles arrivent enfin en Europe, avec l'espoir d'en avoir fini avec les événements traumatisants, elles découvrent la détention, des conditions de vie déplorables, un accès limité aux soins et l'exclusion sociale. Il est primordial que les politiques migratoires en Europe respectent la vie et la dignité de ces personnes et améliorent leur accès aux soins médicaux et notamment psychologiques », explique Liesbeth Schockaert, conseillère en affaires humanitaires pour MSF.
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