Précisions sur les circonstances de la mort de notre collègue Elsa Serfass en République Centrafricaine

Elsa a été blessée par balle le lundi 11 juin 2007 dans la région de Ngaoundaï, dans l'extrême nord-ouest de la République Centrafricaine et est décédée à 12h30 heure locale.

Elsa faisait partie d'une équipe de trois personnes de Médecins Sans Frontières qui se rendait dans cette localité pour une mission d'évaluation de la situation sanitaire. La présence du mouvement rebelle, Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD), est bien connue dans la zone. La direction du groupe, comme celles des autres parties au conflit, avaient été dûment informées par avance du trajet de notre équipe. Celle-ci se déplaçait dans un véhicule clairement identifié du logo de l'association.

Au sud du village de Bong et après avoir traversé plusieurs villages dont deux brûlés, la voiture MSF a essuyé deux tirs, dont l'un a touché mortellement Elsa qui était assise à l'arrière gauche de la voiture. Les deux autres personnes à bord n'ont pas été blessées. Le chauffeur a immédiatement stoppé son véhicule. L'équipe en est sortie et a crié : « Ne tirez pas nous sommes médecins, de Médecins Sans Frontières». Environ une vingtaine d'hommes armés sont alors sortis des fourrés en bordure de route et se sont présentés comme faisant partie de l'APRD. L'équipe leur a dit qu'une personne à bord était blessée. Après l'avoir constaté et déclaré qu'il s'agissait d'une méprise, ils se sont dispersés et ont laissé repartir notre équipe.

Bien que l'infirmière de l'équipe ait rapidement prodigué les premiers secours, elle n'a pu que constater le décès d'Elsa une vingtaine de minutes plus tard.

Médecins Sans Frontières condamne ce meurtre et prend acte de la reconnaissance, par l'APRD, de sa responsabilité dans ce tragique événement.

Dans cette région de la République centrafricaine, les secours s'exercent dans un climat d'insécurité entretenu tant par les rebelles que par les forces gouvernementales : violences et représailles contre les civils, enlèvements, menaces et intimidations vis-à-vis des membres d'organisations humanitaires. Pour l'heure, toutes les activités mobiles de MSF dans le nord-ouest de la République centrafricaine sont suspendues, et l'équipe expatriée de MSF de Paoua est rentrée sur Bangui, la capitale. L'avenir de nos activités dans la région dépendra de l'issue de nos discussions avec toutes les parties au conflit et de l'évaluation que nous ferons de notre espace de travail.

Ce communiqué de presse tient lieu de déclaration. Nous ne tenons pas, pour le moment, à faire de commentaires supplémentaires. Une interview audio de Jean-Hervé Bradol, président de la section française de Médecins Sans Frontières est disponible en complement. Merci de votre compréhension.
 

Notes

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