RDC - Populations civiles et acteurs de l’aide, victimes de la reprise des conflits du Kivu

Hôpital de Lulimba en République démocratique du Congo  Janvier 2012.
Hôpital de Lulimba, en République démocratique du Congo - Janvier 2012. © Emily Lynch/MSF

Les conflits armés dans l’est de la République démocratique du Congo connaissent un regain d’intensité, marqué par d’importants mouvements de troupes.

Les populations en sont les premières victimes, mais les acteurs de secours sont eux aussi touchés de plein fouet. « La situation ne se stabilise pas au Kivu, elle se dégrade de nouveau depuis quelques mois », observe le Dr Marcela Allheimen, responsable de programmes à Médecins Sans Frontières (MSF).Les récentes défections au sein de l’armée nationale ont visiblement relancé une dynamique d’insécurité et d’affrontements militaires ainsi qu’une recomposition des différentes forces en présence. « Nous constatons un regain de violence. Mais il y a plus grave, ajoute le Dr Marcela Allheimen, c’est la banalisation des actes de violence sur les civils et les personnels de secours. »

Nourriture, argent, téléphones portables… sont extorqués pour alimenter, le plus souvent, une logistique militaire. Depuis le mois de novembre, les équipes MSF ont été victimes d’une quinzaine d’actes de violence auxquels s’est ajouté, la semaine dernière, le pillage par des hommes armés en uniforme d’une maison MSF à Baraka dans le Sud Kivu. Mais le 4 avril, un incident d’une autre gravité s’est produit. Il a été porté atteinte à l’intégrité physique de personnels MSF. Ce jour-là, un infirmier et un logisticien de MSF ont été enlevés sur une route du Nord Kivu dans les environs de Nyanzale, puis relâchés quelques heures après.

Résultat, MSF qui est l’une des rares organisations médicales présentes au Nord et au Sud Kivu, a suspendu ses activités à Nyanzale, les a réduites à Rutshuru et a retiré l’équipe présente dans la zone de Butembo. C’est là un autre effet de la dégradation de la situation. Pour les populations civiles déjà fragilisées par un conflit qui dure depuis des années, l’accès aux soins devient très difficile. A MSF, nous sommes dans l’impossibilité d’apporter au Kivu toute l’aide que nous voudrions déployer. Et des personnes malades ont peur de se déplacer pour aller dans des centres de santé.

Autre conséquence sur les moyens de survie, beaucoup ne vont plus aux champs à cause de l’insécurité. Les populations civiles sont victimes de vols et de taxations forcées. Parfois aussi elles sont réquisitionnées pour transporter les affaires d’hommes en armes, quand ce ne sont pas des femmes qui sont séquestrées pour servir d’esclaves.

Alors que le dispositif national et international de stabilisation au Kivu n’a jamais été aussi important, MSF questionne son efficacité face à cette nouvelle dégradation de la situation et s’inquiète de voir que les possibilités d’apporter une aide médicale ne cessent de se réduire.


En dépit de la fragilité de la situation sécuritaire, MSF a toujours des équipes sur le terrain au Nord et au Sud Kivuoù elles apportent une aide médicale notamment à Kitchanga, Mweso, Pinga, Rutshuru, Baraka, Lulimba, Kalonge et Shabunda.

Notes

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