Des milliers de familles continuent à fuir Mogadiscio où la violence et les bombardements menacent la sécurité de la population civile. Médecins Sans Frontières évalue à 4900 le nombre de familles arrivées dans la zone d’Afgooye au cours des trois dernières semaines.
La crise qui frappe Mogadiscio depuis quatre mois, provoquée par une éruption de violence majeure, a entraîné le déplacement de 400 000 personnes (398 000 selon l'ONU). La plupart n'ont toujours pas pu retourner chez elles et restent grandement dépendantes de l'aide fournie par les quelques organisations présentes sur place. La grande majorité des familles déplacées ont trouvé refuge à Afgooye et Hawa Abdi, deux localités situées à 30 km à l'ouest de la capitale somalienne. Elles survivent dans des conditions très précaires, sous les arbres ou dans des bâtiments laissés à l'abandon. Des groupements de soutien locaux font de leur mieux pour assister ces personnes déplacées et leur fournir un abri. Médecins Sans Frontières a mis sur pied une aide médicale et de secours d'urgence pour répondre aux besoins de ces populations.
« Il n'y a aucune distribution régulière de nourriture dans cette zone et très peu d'organisations d'aide sont présentes pour assister les familles déplacées », explique Feisal Abdulkadir, responsable des activités de MSF à Afgooye. « Leur vulnérabilité est d'autant accrue que les prix des denrées de base sur le marché sont élevés et qu'ils n'ont aucune source de revenus régulière. »
En juin 2007, MSF a effectué une enquête rapide sur l'état de santé des populations déplacées. Sur un total de 393 familles interrogées, l'état de malnutrition de 641 enfants a été évalué grâce à un bracelet MUAC (mesure du périmètre brachial des enfants). Les résultats préliminaires indiquent un taux de malnutrition globale de 21,5% et 3% de malnutrition aiguë sévère. D'après la classification OMS (Organisation Mondiale de la Santé), cette situation peut être qualifiée d'urgence nutritionnelle.
Selon le Dr Monica Rull, qui a mené l'enquête MSF, 6% des familles interrogées ont déclaré ne pas avoir pu se nourrir la veille. « Plus de 60% des familles n'ont aucune source de revenus et 93% d'entre elles ont épuisé ou épuiseront bientôt leurs réserves de nourriture”, explique-t-elle.
Au cours des deux derniers mois, les médias internationaux n'ont qu'à de très rares occasions rapporté les événements qui se déroulent dans la capitale somalienne et ses environs, où des dizaines de milliers de personnes attendent désespérément une aide de la communauté internationale.
Médecins Sans frontières appelle à une mobilisation immédiate des acteurs de l'aide internationale pour répondre à la détérioration rapide de la situation en Somalie et prévenir ainsi un désastre humanitaire majeur.
Depuis avril 2007, MSF fournit des soins de santé primaire à une population vulnérable d'environ 12 000 familles déplacées sur Afgooye et soutient le service d'hospitalisation de l'hôpital de la ville. MSF aide également les personnes déplacées sur Hawa Abdi par des donations de médicaments aux structures de santé locales et par la mise en place d'un centre de traitement du choléra (CTC), l'approvisionnement en eau et la distribution de biens de première nécessité aux nouveaux arrivants. MSF travaille en Somalie depuis 1991.