« Suspendre nos activités alors que la catastrophe s'aggrave à Zamzam est une décision déchirante. Pendant plus de deux ans, nos équipes ont fait tout leur possible pour fournir des soins malgré le siège autour du camp, les pénuries d'approvisionnement et de nombreux autres défis, tout en appelant à une réponse humanitaire renforcée qui ne s'est jamais concrétisée. », ajoute Yahya Kalilah. « Aujourd’hui, les combats pour le contrôle de la ville d’El Fasher atteignent Zamzam, et les conditions de sécurité les plus élémentaires ne sont pas réunies pour nous permettre de rester dans le camp. Les violences, les grandes difficultés d’acheminement du matériel, l’impossibilité d’envoyer du personnel expérimenté en soutien aux équipes de MSF sur place et d’avoir des routes d’évacuation sûres pour nos collègues et les civils ne nous laissent guère d’autre choix. »
Accueillant environ 500 000 personnes, le camp de Zamzam a vu arriver de nouveaux déplacés fuyant Abu Zerega, Shagra et Saluma, qui sont maintenant hébergés dans des écoles, des bâtiments communautaires ou sous les arbres en plein air. Ils ont raconté à nos équipes les maisons incendiées, les pillages, les violences sexuelles, les meurtres, les passages à tabac et autres abus dans les villages et sur les routes de la localité d'El Fasher. Quelques centaines de familles ont également atteint Tawila, parfois pieds nus, après avoir tout laissé derrière eux et échappé aux violences en chemin.
MSF est inquiète pour la sécurité de son personnel et des centaines de milliers de personnes dans le camp de Zamzam et demande instamment aux Forces de Soutien Rapide, aux Forces conjointes soutenant l’armée soudanaise et à tous les acteurs armés présents dans la région de protéger les civils et de permettre à ceux qui souhaitent fuir de le faire en sécurité.
Dans le Darfour du Nord, MSF poursuit ses activités d'urgence à Tawila et examine toutes les possibilités pour venir en aide aux populations de Zamzam et El Fasher en maintenant un niveau de risque acceptable pour son personnel. Dans l'ouest, le centre et le sud du Darfour et dans d'autres régions du pays, nos équipes continuent de lutter contre la crise nutritionnelle et sanitaire catastrophique, provoquée par un conflit incessant ainsi que les obstructions continues des parties belligérantes et exacerbée par l'échec de la réponse humanitaire. MSF réitère son appel à une augmentation drastique de I'aide dans les nombreux endroits où elle est encore possible. Les parties belligérantes doivent permettre un accès sans entrave à l'aide, et leurs alliés et les États influents doivent faire pression pour atténuer ces obstacles qui causent morts et famine.