Soudan : un rapport MSF révèle un nombre alarmant de femmes enceintes et d'enfants mourant au Darfour du Sud

Anhar Hassan Mohammed Omar, 29 ans, habite le quartier de Jir South à Nyala. Elle a travaillé 16 heures par jour pour couvrir les frais de traitement et de nutrition du début de sa grossesse jusqu'à son neuvième mois. Elle a été opérée d'une césarienne à l'hôpital universitaire de Nyala, où elle a reçu les soins nécessaires.
Anhar Hassan Mohammed Omar, 29 ans, habite le quartier de Jir South à Nyala. Elle a travaillé 16 heures par jour pour couvrir les frais de traitement et de nutrition du début de sa grossesse jusqu'à son neuvième mois. Elle a été opérée d'une césarienne à l'hôpital universitaire de Nyala, où elle a reçu les soins nécessaires. © Abdoalsalam Abdallah/MSF

L'une des pires crises en matière de santé maternelle et infantile au monde se déroule actuellement au Darfour du Sud selon un rapport publié par Médecins Sans Frontières (MSF). Les femmes enceintes et les jeunes mères, ainsi que les enfants, meurent de maladies qui pourraient être évitées.

Ce rapport établit que, de janvier à août, 46 décès maternels ont été enregistrés dans l'hôpital universitaire de Nyala et dans l’hôpital rural de Kas, soutenus par MSF. Le manque d’établissements de santé fonctionnels et les coûts élevés des transports font que de nombreuses femmes arrivent à l'hôpital dans un état critique : 78 % des décès maternels dans les hôpitaux de Kas et de Nyala se sont produits dans les 24 heures suivant leur admission, le plus souvent des suites d’une septicémie.

La crise au Darfour touche également les enfants. En août, 30 000 enfants de moins de deux ans ont fait l'objet d'un dépistage de malnutrition dans le Darfour du Sud. Parmi eux, 32,5 % souffraient de malnutrition aiguë, bien au-delà du seuil d'urgence de 15 % fixé par l'OMS. En outre, 8,1 % des enfants dépistés souffraient de malnutrition aiguë sévère.

Des milliers d'enfants sont au bord de la famine, d'autres meurent de maladies : de janvier à juin 2024, quarante-huit nouveau-nés sont morts de septicémie dans seulement deux centres MSF.

« C'est une crise comme je n'en ai jamais vu dans ma carrière, déclare le Dr Gillian Burkhardt, responsable des activités de santé sexuelle et reproductive de MSF, depuis Nyala, au Darfour du Sud. Les nouveau-nés, les femmes enceintes et les jeunes mères meurent dans des proportions alarmantes. Beaucoup de décès pourraient être évités, mais presque tout s'est effondré. »

Les problèmes mis en lumière dans ce rapport se retrouvent dans d’autres régions du Soudan. Dans le camp de Zamzam, au Darfour du Nord, les résultats d'un dépistage nutritionnel réalisé par les autorités sanitaires soudanaises et MSF début septembre montrent que parmi les 29 000 enfants de moins de cinq ans examinés, 10,1 % souffraient de malnutrition aiguë sévère et 34,8 % souffraient de malnutrition aiguë globale. Ces taux colossaux indiquent une catastrophe nutritionnelle de grande ampleur alors que les Forces de Soutien Rapide (RSF) rendent toujours impossible l’acheminement de l’aide, des vivres et médicaments dans cette zone aux environs d’El Fasher.

« La disparité entre les besoins énormes en matière de santé, d'alimentation et de services de base et l'absence persistante de réponse de la communauté internationale est choquante. Nous appelons les bailleurs de fonds, les Nations unies et les organisations internationales à augmenter d'urgence le financement, à développer des programmes de santé maternelle et de nutrition », déclare le Dr Burkhardt.

L'ONU doit accélérer le retour de son personnel et de ses agences au Darfour et mobiliser toutes les ressources et l'influence politique dont elle dispose pour veiller à ce que l'aide parvienne à ceux qui en ont besoin. Seule une réponse internationale coordonnée et une pression inflexible sur les belligérants qui bloquent ou restreignent l’accès à une aide vitale peut éviter une famine massive et alléger les souffrances de millions de personnes. La crise risque de plonger les familles dans des cycles de malnutrition, de maladie et de détérioration de la santé qui pourraient toucher plusieurs générations.

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