« Ces résultats corroborent les témoignages de patients parmi les quelques 1 500 blessés soudanais pris en charge par nos équipes en collaboration avec les autorités sanitaires tchadiennes dans l’unité chirurgicale de l’hôpital d’Adré depuis juin dernier. L’afflux de blessés le plus important que nous ayons vécu à Adré, avec 858 blessés de guerre reçus entre le 15 et le 17 juin, correspond au pic de mortalité observé dans l’enquête. De nombreux blessés rapportaient alors que des miliciens arabes les visaient en raison de leur appartenance ethnique Masalit et leur tiraient dessus à El Geneina. Ils nous expliquaient que ces violences se poursuivaient ensuite dans les villages et checkpoints qui jalonnent la route vers le Tchad, ciblant systématiquement les hommes de la communauté Masalit », explique Claire Nicolet, responsable des programmes d’urgence au Tchad.
Les récits des réfugiés qui ont fui le Darfour occidental ces six derniers mois dressent le tableau d’une spirale de violences insoutenable, faite de pillages, d’habitations incendiées, de passages à tabac, de violences sexuelles et de massacres. Enracinée dans des rivalités politiques, économiques, et foncières entre les communautés présentes sur le territoire, la dimension ethnique des violences a pris une tournure particulièrement extrême dans la capitale El Geneina, aujourd’hui quasiment vidée de la communauté Masalit qui y habitait. « Les miliciens nous ont dit que ce n'était pas notre pays et nous ont donné deux options : partir immédiatement au Tchad ou être tués ici. Ils ont pris quelques hommes et je les ai vus les abattre dans les rues, sans personne pour enterrer les cadavres » explique ainsi H., une personne d’une vingtaine d’années réfugiée à Adré après avoir fui El Geneina. « Sur la route du Tchad, nous avons été arrêtés à de nombreux checkpoints. Ils nous demandaient de quelle tribu nous étions, ils visaient les Masalit » rapporte un autre patient pris en charge par MSF à Adré.