De violents affrontements entre Ansar Allah (Houthis) et les forces soutenues par la coalition internationale se poursuivent depuis le début du mois de mai. Au cours des dernières semaines, les lignes de front se sont déplacées du gouvernorat de Taïz vers la ville de Hodeidah, où vivent actuellement 600 000 personnes. Le personnel humanitaire international est en cours d’évacuation, après qu'un ultimatum a été envoyé le 6 juin par les Emirats arabes unis aux Nations unies, leur demandant d’évacuer la zone sous 3 jours.
Dans la ville de Hodeidah, les équipes MSF fournissent du matériel ainsi que des fournitures médicales à l'hôpital Al Thawrah, le plus important du gouvernorat de Hodeidah, et dont la capacité est déjà fortement limitée. MSF soutient également un centre de santé dans le district de Far Al Udayn, à l’ouest d’Ibb, qui reçoit et traite les personnes blessées par les combats à Hodeidah.
« Le manque d'assistance humanitaire, et notamment la suspension des programmes d'aide et des équipes en sous-effectif, alors même qu'une offensive militaire est en cours, risque d’avoir des conséquences graves sur une région déjà confrontée à des restrictions sur l'importation et le transport de nourriture et de carburant à l’intérieur du pays », explique Fréderic Pelat, chef de mission MSF au Yémen. Les Yéménites qui vivent dans le nord du pays dépendent des approvisionnements transitant par le port de Hodeidah.
Depuis le début des affrontements en mai, les équipes de MSF à Aden reçoivent quotidiennement des patients venant de la région de Hodeidah et ayant besoin de soins vitaux. « La grande majorité de ces patients sont des urgences vitales, ils ont au moins six heures de route pour atteindre Aden, et la plupart du temps sont dans un état critique », explique Ghazali Babiker, coordinateur de projet pour MSF au Yémen.
Avant d'atteindre Aden, les civils blessés sur les lignes de front sont évacués vers Mocha, une ville située à 180 kilomètres au sud de Hodeidah et entourée par les lignes de front au Nord et à l’Est. « Il n'y a qu'un seul hôpital à Mocha, où les blessés sont stabilisés, mais l’hôpital n’a pas de salle d'opération, ce qui empêche les patients d’être opérés », explique Ghazali Babiker.
MSF fournit du matériel médical et forme le personnel de santé de l'hôpital de Mocha. Le manque de soins médicaux appropriés sur les lignes de front, avant l'évacuation médicale, et le retard dans les interventions chirurgicales, restent des causes majeures de complications médicales.
Au cours des dernières semaines, l'hôpital MSF à Aden a fonctionné à pleine capacité, accueillant des blessés de Hodeidah, tout comme les autres centres de santé dans la ville. « La pression sur les structures sanitaires encore fonctionnelles est énorme, alors même que l'offensive militaire vient à peine de commencer », explique Ghazali Babiker.