Toutes les indications pointent actuellement que le bombardement a été mené par les forces internationales de la Coalition. MSF demande que la celle-ci rende des comptes complets et transparents sur ses activités de bombardements aériens , sur Kunduz, le samedi 3 octobre au matin. MSF demande également qu'une enquête indépendante soit menée afin d'établir clairement les responsabilités sur cette attaque.
« Cette attaque constitue une violation du droit international humanitaire », a déclaré Meinie Nicolai, présidente de MSF. « Nous exigeons une transparence totale des forces de la Coalition. Nous n'accepterons pas que ces dizaines de victimes soient considérées comme de simples « dommages collatéraux ».
De 02h08 jusqu'à 03h15, heure locale, l'hôpital de traumatologie de MSF à Kunduz a été frappé par une série de bombardements aériens (à environ 15 minutes d'intervalle). Le bâtiment central de l'hôpital, abritant l'unité de soins intensifs, les salles d'urgence et la kinésithérapie, a été frappé à plusieurs reprises de façon très précise et à chaque incursion aérienne, alors que les bâtiments environnants sont quant à eux quasi intacts.
« Les bombes ont frappé, puis nous avons entendu les avions nous survoler », a déclaré Heman Nagarathnam, chef des programmes de MSF dans le nord de l'Afghanistan. « Il y a eu une pause, puis une deuxièmeme fois des bombes ont frappé. C’est arrivé encore et encore. Lorsque je suis parvenu à sortir du bureau, le bâtiment principal de l'hôpital était en proie aux flammes. Les gens qui le pouvaient sont rapidement allés dans les deux bunkers de l'immeuble pour être en sécurité. Mais les patients qui ne pouvaient pas s’échapper sont morts brûlés vifs dans leurs lits ».
Conformément à la pratique de routine pour MSF dans les zones de conflit, MSF avait communiqué l'emplacement exact de l'hôpital à toutes les parties au conflit. Le bombardement a eu lieu alors que MSF avait fourni les coordonnées GPS de l'hôpital de traumatologie à la Coalition ainsi qu'aux responsables militaires et civils afghans (dont très récemment le mardi 29 septembre), pour précisément éviter que l'hôpital ne soit frappé.
Dans la foulée de l'attaque, l'équipe de MSF a désespérément essayé de sauver la vie de ses collègues et patients blessés en mettant en place une salle d'opération de fortune. Certains des patients plus gravement blessés ont été transférés vers un autre hôpital, à Puli Khumri, situé à deux heures de route.
Depuis que les combats ont éclaté lundi 28.09, MSF avait soigné 394 blessés. Au moment de l'attaque aérienne, il y avait 105 patients et leurs accompagnants à l'hôpital, ainsi que plus de 80 personnels MSF, internationaux et nationaux. MSF exprime ses sincères condoléances aux familles et proches des membres de son personnel et des patients décédés dans cette attaque.
L'hôpital MSF est la seule structure du genre dans la région nord-est de l'Afghanistan. Pendant quatre ans, il a fourni gratuitement des services d'orthopédie et de traumatologie de haute qualité. En 2014, plus de 22 000 patients y ont reçu des soins et plus de 5 900 interventions chirurgicales y ont été effectuées.
MSF est une organisation médicale internationale qui a d'abord travaillé en Afghanistan en 1980. MSF a ouvert le centre de traumatologie de Kunduz en août 2011 pour fournir des soins médicaux et chirurgicaux de qualité et gratuits aux victimes de traumatismes tels que les accidentés de la circulation, ainsi qu’aux personnes blessées dans les attentats ou par arme à feu . En Afghanistan, MSF appuie le Ministère de la santé publique à l'hôpital Ahmed Shah Baba dans l'est de Kaboul, à la maternité de Dasht-e-Barchi dans l'ouest de Kaboul et à hôpital de Boost à Lashkar Gah, dans la province de Helmand. A Khost, dans l'est du pays, MSF gère aussi une maternité. Le financement de nos activités en Afghanistan est totalement privé ; MSF n’accepte aucun fonds gouvernemental.