« Nous sommes choqués par cette décision qui va priver des milliers de personnes d’une aide médicale vitale, note Bart Janssens, directeur des opérations de MSF. Cette décision aura des conséquences dramatiques pour les patients que nous laissons. Nous prions instamment le Comité Humanitaire de réexaminer cette décision afin que nous puissions recommencer à apporter ces soins médicaux si nécessaires. »
Depuis le début du conflit en mai 2014, MSF a donné des médicaments et du matériel médical à 170 structures médicales pour la prise en charge des blessés et des patients souffrant de maladies chroniques. Depuis mars 2015, MSF a en outre donné plus de 85 000 consultations en collaboration avec les autorités sanitaires locales dans 40 dispensaires mobiles, offrant ainsi des soins aux personnes vivant dans des zones d’où avaient fui médecins et infirmières et où les pharmacies sont vides.
« Nous sommes quasiment la seule organisation qui fournit des traitements contre la tuberculose en prison, de l’insuline pour les patients diabétique et des produits d’hémodialyse pour traiter l’insuffisance rénale, poursuit Bart Janssens. Avec la cessation de nos activités d’un jour à l’autre, des milliers de patients souffrant de maladies chroniques potentiellement mortelles n’auront peu ou plus du tout d’aide ».
MSF couvre actuellement 77% des besoins en insuline des patients diabétiques âgés de plus de 18 ans qui sont dans la région sous contrôle de ladite « DPR ». Les équipes fournissent également 90% des produits nécessaires pour les hémodialyses, un traitement vital pour les patients souffrant d’insuffisance rénale. « Sans l’approvisionnement continu de ces traitements vitaux, de graves complications peuvent survenir pour les patients. Il n’y a pratiquement pas de solutions de rechange pour ces personnes maintenant que MSF a arrêté ses activités. Nous sommes très tristes que tant de patients soient abandonnés », ajoute Bart Janssens.
Dans le système pénitentiaire, environ 150 patients souffrant de tuberculose multi-résistante n’auront désormais plus accès au traitement que MSF fournissait depuis 2011. « Le risque est très grand que la santé de ces patients se détériore rapidement. Toute interruption de traitement par les patients souffrant de tuberculose résistance réduit considérablement les chances de guérison, même si elles reprennent leur traitement plus tard, si elles auront la chance de le recevoir, ajoute Bart Janssens. Les prisons en Ukraine sont connues pour avoir des taux élevés de tuberculose résistante aux médicaments, et si les traitements sont interrompus, cela fait peser une grave menace sur la santé publique ».
Aujourd’hui, MSF demande instamment au Comité Humanitaire de réexaminer le retrait de son accréditation pour qu’elle puisse reprendre ses activités médicales. « En tant qu’organisation médicale, il est inacceptable pour des raisons d’éthique que nous soyons obligés d’abandonner nos patients. La décision doit être réexaminée de manière que les soins de santé essentiels puissent de nouveau être dispensés à ceux qui en ont besoin », conclut Bart Janssens.