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À Gaza, les conséquences mortelles
des entraves israéliennes
à l’acheminement de l’aide humanitaire

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À Gaza, les conséquences mortelles des entraves israéliennes à l’acheminement de l’aide humanitaire

Gazan's Living conditions’ impact on babies and children's health
Des tentes surpeuplées dans la zone d'Attar à Khan Younès, dans le sud de Gaza, où les familles déplacées par les combats vivent dans des conditions extrêmement précaires.  © Ibrahim Nofal

Alors que le volume d’aide humanitaire entrant à Gaza a été divisé par quatre depuis le mois de juillet et a atteint son niveau le plus bas depuis le début de la guerre, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) alertent sur les conditions extrêmement dégradées de prise en charge de leurs patients, dont certains ne peuvent plus être ni admis ni soignés, faute de matériel médical et de médicaments. Elles témoignent également des conséquences des pénuries de nourriture, d'eau et de matériaux pour la construction d’abris, à l'approche de l'hiver. 

« Les pénuries de médicaments et de fournitures essentielles, comme les bandages ou encore les compresses, sont telles que nous sommes obligés de refuser des patients dans plusieurs établissements de santé », explique Caroline Seguin, coordinatrice d'urgence pour MSF à Gaza.  

« Les restrictions et les obstacles à l'entrée de l'aide humanitaire mises en place par les autorités israéliennes continuent d'entraver sévèrement notre capacité à fournir des soins, poursuit la coordinatrice d’urgence. Et le peu de camions qui sont finalement autorisés à entrer à Gaza sont majoritairement pillés : à la fin, ce sont les patients qui en paient le prix. » 

Selon les Nations unies, le volume d’aide humanitaire entrant à Gaza a atteint son niveau le plus bas au mois d’octobre 2024. Le nombre de camions entrant à Gaza a été divisé par quatre depuis le mois de juillet 2024, soit 40 camions par jour, contre 500 avant le 7 octobre 2023.   

Au-delà des médicaments et du matériel médical, les équipes de MSF peinent à fournir suffisamment de nourriture aux patients hospitalisés. Plusieurs boulangeries ont fermé faute de farine et de carburant. Dans la clinique que MSF soutient dans la ville de Gaza ainsi que dans ses hôpitaux de campagne, des tests de dépistage de la malnutrition sont systématiquement effectués auprès des enfants.  

Les équipes de MSF n’ont pas encore reçu l'autorisation de la part des autorités israéliennes d'importer des unités de désalinisation ou des générateurs. « Cela signifie tout simplement qu'il n'y a pas assez d'eau potable pour tout le monde, explique Caroline Seguin. La seule alternative reste le transport d’eau par camion, ce que fait MSF mais qui est hors de prix en raison des pénuries de carburant. La semaine dernière, notre équipe a dû réduire de moitié ses activités de distribution d'eau à cause de la pénurie d’essence. » 

La grave détérioration de la situation à Gaza est le résultat direct des restrictions et de l'obstruction de l'aide imposées par Israël au cours de l'année écoulée. Ces restrictions ont créé un environnement chaotique, dans lequel les pillages et la criminalité prolifèrent et entravent davantage l’aide humanitaire. Ces dernières semaines, plusieurs camions, dont ceux transportant du matériel de MSF, ont été attaqués et pillés. D'autres camions, autorisés à entrer, attendent en Israël que les conditions soient suffisamment sûres pour poursuivre leur route. 

Depuis des mois, les habitants de Gaza tentent de survivre entre bombardements massifs et pénuries de produits de base tels que la farine, le savon et les œufs. L'hiver, le froid, la faim et les récentes inondations augmentent davantage les besoins médicaux.

« Les organisations humanitaires avertissent depuis des mois que l'insuffisance de l'aide risque d'aggraver une situation déjà désastreuse à Gaza. Nous avons atteint un point de bascule. Un flux d'aide massif est crucial pour pouvoir répondre aux besoins de la population ; un cessez-le-feu immédiat et durable est vital à Gaza. » 

À Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, l'hôpital de campagne mis en place par MSF manque d'antibiotiques et d'analgésiques pour les enfants. Ces pénuries empêchent le traitement d’infections, notamment respiratoires, et la prise en charge adaptée de la douleur chez les plus jeunes patients. Les médicaments contre l'hypertension font également défaut, laissant de nombreux patients sans traitement et exposés à des complications aiguës, notamment des accidents vasculaires cérébraux. 

À l'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, les équipes de MSF ne peuvent pas installer de laboratoire de bactériologie, essentiel pour le diagnostic et l'administration d’antibiotiques adéquats. La chaîne du froid, nécessaire à son bon fonctionnement, est constamment rompu par les multiples vérifications de l’armée israélienne aux points de passage entre Israël et Gaza.  

« Nos patients développent des infections graves de plus en plus souvent », continue Caroline Seguin. Dans les unités de traitement des brûlés que nous soutenons à l'hôpital Nasser, à Khan Younès, les produits de base pour le traitement des plaies, comme les compresses de gaze stérile, viennent à manquer : les changements de pansements sont moins fréquents, ce qui augmente le risque d'infections pour des patients qui ont désespérément besoin de soins adaptés. » 

« Chaque médicament, chaque fourniture médicale, chaque kit d'hygiène, chaque bâche en plastique retardés ou refusés par Israël a des conséquences sur des vies humaines », conclut la coordinatrice d’urgence. 

Notes

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