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Afghanistan : MSF soigne de nombreux blessés de guerre dans le Helmand

Un travailleur de MSF rentrant dans l'hôpital Boost, à Lashkar Gah, au sud de l'Afghanistan.
Un travailleur de MSF rentrant dans l'hôpital Boost, à Lashkar Gah, au sud de l'Afghanistan.   © MSF/Elise Moulin

Depuis plusieurs mois, des offensives militaires sont menées par les troupes de l’Émirat islamique d'Afghanistan, plus connu sous le nom de talibans, contre les positions de l’armée afghane, à la faveur du retrait des forces de la coalition internationale. Ces dernières semaines, les affrontements se sont intensifiés et se sont déplacés, notamment dans la ville de Lashkar Gah dans la province du Helmand. Les équipes MSF ont reçu et pris en charge de nombreux blessés de guerre.

« Il y a eu des tirs incessants, des frappes aériennes et des tirs de mortier dans des zones densément peuplées. Des maisons sont bombardées et de nombreuses personnes souffrent de blessures graves, explique Sarah Leahy, coordinatrice du projet MSF dans la province du Helmand. Les combats à l'intérieur de la ville limitent notre capacité d’intervention. Une grande partie de nos travailleurs de santé sont Afghans, ils habitent Lashkar Gah, et ils ne peuvent pas sortir de chez eux. C'est tout simplement trop dangereux. Certains de nos collègues passent la nuit à l'hôpital, car c'est plus sûr, et cela leur permet de continuer à soigner les patients. La situation est désastreuse depuis des mois, mais maintenant, c’est encore pire. »

Malgré la complexité de la situation, l'hôpital Boost de Lashkar Gah, soutenu par MSF, reste opérationnel, avec une augmentation significative des besoins en traumatologie au cours de la dernière semaine. « En une seule journée, nous avons effectué 10 interventions chirurgicales sur des blessés de guerre, ce qui est du jamais vu pour MSF dans cet hôpital. Avant la semaine dernière, nous en prenions en charge en moyenne deux par jour », poursuit Sarah Leahy. Au total, du 3 mai au 31 juillet, les équipes ont soigné 482 blessés de guerre, la quasi-totalité (92 %) étant admis suite à des blessures provoquées par des obus ou des balles et environ un quart (26 %) étaient des personnes de moins de 18 ans.

Mahmood s'est fait tirer dessus alors que sa famille et lui fuyaient leur maison à l'extérieur de Lashkar Gah.
 © MSF/Tom Casey
Mahmood s'est fait tirer dessus alors que sa famille et lui fuyaient leur maison à l'extérieur de Lashkar Gah. © MSF/Tom Casey

Pour la seule période comprise entre le 29 et le 31 juillet, MSF a soigné 70 blessés de guerre. Pourtant, les patients pris en charge par les équipes MSF représentent seulement une petite fraction du nombre réel des victimes liées à ces affrontements. En effet, le principal service de traumatologie de cette ville de 200 000 habitants est géré par une autre organisation dans un autre hôpital, et il est soumis à une immense pression en termes d’afflux de blessés.

Les blessures sévères dont souffrent certains patients auront des conséquences à long terme sur leur capacité à travailler et à soutenir leurs familles. « Toute ma famille dépend de moi, mais j'ai l'impression qu'à l'avenir, je ne pourrai pas travailler à cause de mes blessures. Ce sera très difficile pour moi de nourrir ma famille. J'ai quitté ma maison et je ne peux pas y retourner », explique un patient blessé par balles aux deux bras.

Les combats ont également des conséquences négatives sur l’accès aux soins de santé généraux pour la population de Lashkar Gah. Boost est en effet le seul hôpital de référence de la province, pour les services pédiatriques, hospitaliers, de soins intensifs, de maternité, de malnutrition, de néonatalogie ou chirurgicaux.

 

Samiullah, 12 ans, a été blessé par balle à la tête le 4 mai. Sa famille a dû traverser des jardins et une rivière, voyageant pendant deux heures et demie pour éviter les combats avant d'arriver à l'hôpital Boost.
 © MSF/Tom Casey
Samiullah, 12 ans, a été blessé par balle à la tête le 4 mai. Sa famille a dû traverser des jardins et une rivière, voyageant pendant deux heures et demie pour éviter les combats avant d'arriver à l'hôpital Boost. © MSF/Tom Casey

Depuis le mois de mai, les équipes MSF ont constaté une augmentation alarmante de la gravité de l’état des patients à leur arrivée à l'hôpital. Ces personnes ont témoigné du fait que, malgré leur besoin de soins médicaux, elles ont été obligées d'attendre chez elles jusqu'à la fin des combats ou de prendre des chemins alternatifs, plus longs et parfois dangereux. Les combats se déroulent en partie à proximité de l’hôpital de Boost.

« Certains de nos patients ont été pris entre deux feux. Ils sont arrivés à l’hôpital avec une balle dans l'épaule ou la jambe, alors qu’ils souffraient uniquement d’une diarrhée en quittant leur domicile », explique un médecin travaillant aux urgences MSF de l'hôpital de Boost.

« Le conflit oblige les gens à réfléchir à dix fois avant de faire le voyage, poursuit ce médecin. Ils retardent leur déplacement jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus attendre, lorsque leurs proches n'ont pas ouvert les yeux depuis deux ou trois jours, ont une respiration superficielle et ne répondent pas. D'un point de vue médical, c'est presque trop tard. »

Les conséquences de ce conflit touchent également les équipes MSF qui travaillent à l’hôpital de Boost. « Le personnel de santé est épuisé. Le travail en lui-même, voir tous ces patients, c’est extrêmement difficile. En plus de cela, les gens doivent faire face à beaucoup de pressions et de soucis extérieurs », conclut ce médecin urgentiste.

MSF continue aujourd'hui d’apporter son aide à l’hôpital de Boost et travaille également sur quatre autres projets dans le pays, à Herat, Kandahar, Khost et Kunduz.

Notes

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