Dépouillés et volés
Traoré Ya Madou, originaire du Mali, a travaillé pendant six ans en tant que peintre en Algérie avant d'être arrêté par les forces de l’ordre. « Nous habitions sur le chantier où nous travaillions. Ce matin-là, la police algérienne a débarqué. Généralement, nous leur donnions de l’argent ou nous résistions, et les agents partaient. Mais cette fois-là, ils étaient nombreux, environ une vingtaine, ils ont cassé la porte et sont entrés. Une fois à l’intérieur, ils nous ont menottés et transportés à la gendarmerie. J’y suis resté 24 heures sans manger. Là-bas, nous avons été minutieusement fouillés. Durant la fouille, ils retirent même vos sous-vêtements… Nous avons subi un traitement inhumain. J’avais 2 500 euros sur moi, ils m’ont tout pris. Ils m’ont aussi sauvagement battu et j’ai dû être transporté à l’hôpital », détaille-t-il. Pour avoir résisté aux policiers algériens, Traoré a été puni. Il a été déposé encore plus loin d'Assamaka que les autres, et a dû marcher près de quatre heures pour rejoindre la petite ville.
Les histoires de Safi et Traoré ne sont qu’un court aperçu de ce qui se passe à la frontière entre l’Algérie et le Niger.
En 2015, au Sommet de la Valette sur la migration, les pays européens et africains ont davantage renforcé le système de contrôle aux frontières et facilité le renvoi, volontaire ou non, des migrants qualifiés d’illégaux. C’est ainsi que des personnes en migration ont continué d'être arrêtées arbitrairement, soumises à de mauvais traitements ou renvoyées vers un pays où elles risquent d’être persécutées.