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Au Mali, le conflit s’étend à l’Est de Bamako et complique l’accès aux soins pour les populations

Maternity and child in Niono hospital conflit mali ségou
Une mère amène son enfant pour un dépistage du paludisme à l'unité pédiatrique soutenue par MSF à l'hôpital de Niono. © MSF/Lamine Keita

Après huit ans de guerre au Mali, principalement dans les régions du Nord et du centre du pays, la crise affecte aujourd'hui les populations civiles de la zone de Niono, dans la région de Ségou, où Médecins Sans Frontières a décidé d'ouvrir un programme en juin dernier. Le Dr. Daniel Zoupandji, coordinateur du projet à Niono, nous explique les besoins humanitaires des populations et les activités MSF dans la région. Entretien. 

Au Mali, le contexte sécuritaire reste toujours très inquiétant entre groupes armés non-étatiques d'un côté et l’État malien et son armée de l'autre, entraînant une situation humanitaire préoccupante.

Pourquoi MSF a lancé ce projet, et comment le décrivez-vous ?

Niono est l’un des sept cercles – regroupement de communes – de la région de Ségou, qui accueille la plupart des populations déplacées qui fuient les zones où les conflits armés et les violences intercommunautaires sont monnaie courante.

Mais aujourd'hui, la zone de Niono fait à son tour l'objet d’attaques de groupes armés. Cette situation d’insécurité a lourdement impacté les services publics de base. Les services de santé sont peu fonctionnels et l’économie locale se trouve très affectée. Tous ces facteurs réunis compliquent l’accès aux soins de santé pour la population. C’est la raison pour laquelle, à la suite de missions exploratoires et en collaboration avec le ministère de la Santé, MSF a décidé d’intervenir dans la zone en ouvrant un projet médico-nutritionnel.

Nous prenons en charge gratuitement les enfants âgés de moins de 15 ans car ce sont les plus vulnérables. Nous appuyons l’unité de pédiatrie et de nutrition au centre de santé de référence de Niono, et nous renforçons les capacités de prise en charge des agents de santé et des relais communautaires dans cinq centres de santé aux alentours.

Aïchata, paysanne, mère de quatre enfants :

« Voici notre réalité quotidienne : les violences, les vols, la peur et les attaques. La crise a changé notre vie quotidienne. Nos activités économiques ne fonctionnent plus. Nos marchandises ne sont plus achetées car les clients n’ont plus d’argent. Nous participons aux foires hebdomadaires en ayant la peur au ventre. Les gens n’ont plus la possibilité de se déplacer facilement dans la zone. À l’arrivée au centre de santé pour soigner ma fille de 9 ans qui souffre de paludisme, j’ai voulu payer le ticket. Mais on m’a dit que les soins étaient gratuits. J’étais soulagée. »

Une bonne partie de la population sait qui l'on est, pourquoi on est là et ce que l’on représente – des soins de qualité et gratuits pour la population, sans discrimination.

Comment vit la population au quotidien ?

De manière générale,  la population vit dans la peur et sous les menaces des groupes armés. Les personnes sont forcées de fuir leur foyer et ces populations de déplacés manquent de biens de première nécessité. Il n'y a que très peu d’acteurs humanitaires présents dans la zone pour fournir des kits d'urgence, composés de tentes, de moustiquaires, de couvertures, de bidons d’eau, etc. 

Des patients attendent leur consultation dans l'unité pédiatrique soutenue par MSF à l'hôpital de Niono.
 © MSF/Lamine Keita
Des patients attendent leur consultation dans l'unité pédiatrique soutenue par MSF à l'hôpital de Niono. © MSF/Lamine Keita

Par ailleurs, les populations déplacées sont, dans la quasi-totalité, accueillies par une population locale qui est déjà vulnérable et dont les ressources sont limitées.

Après les premiers mois du projet, quel bilan tirez-vous ?

Avec la sensibilisation de masse au niveau communautaire, on renforce la proximité avec la population afin qu’elle comprenne qu’elle peut bénéficier de soins gratuits. On constate que les mères amènent plus rapidement leurs enfants aux structures de santé où nous travaillons, avant qu’ils ne tombent gravement malades. 

Notre intervention ne se cantonne pas à Niono, nous avons également mené et mènerons des évaluations dans d’autres localités du pays, selon les besoins. Dans la ville de Ségou, nous avions pris en charge des déplacés malades et nous restons en contact avec les autorités sanitaires de la région pour tout besoin.

Notes

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