MSF a fourni des soins médicaux à 53 personnes, de 13 à 60 ans, victimes d'agressions sexuelles : soins des plaies et des blessures ainsi qu'un traitement préventif pour d'éventuelles infections sexuellement transmissibles. Les patients ont également été vaccinés contre l'hépatite B et le tétanos. Celles qui se sont présentées à temps au centre de santé ont reçu la pilule du lendemain pour éviter une grossesse non désirée.
La plupart des victimes prises en charge par les équipes MSF ont expliqué être tombées dans une embuscade autour de Nakatete le 19 janvier, alors qu'elles rentraient du marché. Pris en otage tout au long de la journée, femmes, hommes et enfants ont subi le même sort : viol répétitif, traitement dégradant et vol des vêtements et effets personnels. Les femmes et jeunes filles étaient séparées des hommes.
Le 20 janvier, le scénario se répète. Onze femmes tombent dans les filets d'un groupe d'hommes armés, dans Kitumba sur le retour du marché. Viol et vol. MSF assure leur traitement ainsi que celui de deux femmes et un homme qui seront attaqués au même endroit le lendemain.
100 victimes de violences sexuelles en mois d'un mois
Ces nouveaux incidents de viol de masse se produisent quelques semaines après un événement identique le soir du réveillon dans la région de Fizi. "En l'espace de quelques semaines seulement, MSF a soigné près de 100 femmes, hommes et enfants, tous victimes de violences sexuelles dans des attaques de masse", a déclaré Annemarie Loof, chef de mission MSF au Sud-Kivu. "Nous sommes extrêmement préoccupés par le sort des civils, des personnes qui n'ont rien à voir avec le conflit et qui souffrent de l'augmentation de la violence et de l'insécurité dans cette partie de l'est de la RDC ".
Depuis des années, les civils de cette région du pays subissent des violences sexuelles liées au conflit, mais MSF n'avait pas effectué une prise en charge liée aux viols de cette ampleur dans le Sud-Kivu depuis 2004. Dans un contexte déjà instable, la province est confrontée à ce qui semble être une nouvelle détérioration de la situation qui se répercute directement sur la population civile.
Au Sud-Kivu MSF fournit des soins d'urgence à une population qui font face à de nombreuses problématiques : violence, violence sexuelle, déplacements, paludisme, malnutrition et épidémies comme le choléra et la rougeole. En 2010, dans la région de Fizi, les équipes médicales MSF ont effectuées 65 000 consultations, 10 000 hospitalisations, ont traité 20 000 patients atteints de paludisme et ont pratiqué 4 000 accouchements.
Dans les Kivus, MSF gère des hôpitaux, des cliniques mobiles, des centres de santé, des campagnes de vaccination, des programmes de choléra, et fournit traitement et suivi psychosociale aux victimes de violences sexuelles. Dans la seule année 2009, MSF a fourni des soins médicaux et psychosociaux à 5 600 victimes de viol dans le Nord et le Sud-Kivu.