2005 - Désengagement israélien - Pré-positionnement de matériel et d'équipes
Lors du désengagement israélien de la bande de Gaza en 2005, certaines factions armées palestiniennes augmentent considérablement le nombre de tirs de roquette sur Israël. Dans le même temps, la résistance de certains colons israéliens s'intensifie elle-aussi. Pour parer à toute urgence, nos équipes mènent une évaluation des centres de santé dans les zones les plus exposées à la violence. Nous pré-positionnons du matériel de secours (kits d'hygiène, jerrycans, couvertures) et médical. Nous basons également des chirurgiens et médecins urgentistes dans plusieurs zones sensibles de Gaza.
2006 - Dégradation de la situation sanitaire - Donations aux structures de santé
Suite aux élections législatives de janvier qui portent le Hamas au pouvoir, les Etats-Unis, le Canada, l'Union Européenne et le Japon décident de suspendre leur aide financière à l'Autorité palestinienne. La situation sanitaire se dégrade alors très rapidement : pénuries de médicaments et de matériel médical et grève du personnel du ministère de la Santé dont les salaires ne sont plus payés. MSF effectue des donations de médicaments à des hôpitaux de Gaza et commande des médicaments spécifiques, notamment pour le traitement des maladies chroniques.
Juin 2006 - Offensive « Pluie d'été » - Donations de médicaments et de matériel, renforcement des équipes médicales
Cette même année, en juin, suite à l'enlèvement du soldat israélien Guilat SHALIT, Israël déclenche l'offensive « Pluie d'été ». Face à cette nouvelle dégradation de la situation, une aide logistique (approvisionnement en eau) est fournie par MSF à des déplacés ayant fui les bombardements. Des médicaments et du matériel médical d'urgence sont donnés et pré-positionnés pour les hôpitaux situés en première ligne et accueillant les blessés. Un contact étroit et continu est maintenu avec ces structures de santé, afin d'intervenir sur les besoins médicaux et en ressources humaines, ainsi que sur l'approvisionnement des urgences et des soins intensifs. Nos psychologues continuent d'assurer leurs consultations (à domicile et dans des points fixes).
2007 - Affrontements inter-palestiniens - Mise en place du programme de soins de réhabilitation
Mi-mai 2007, les affrontements inter-palestiniens reprennent faisant plus de 130 morts et 800 blessés lors d'échanges de tirs en pleine rue ou d'opérations de représailles. Au cours de cette guerre civile, les hôpitaux ne sont pas épargnés et des violences y sont commises. Pour des raisons de sécurité, les équipes expatriées sont évacuées pendant les affrontements. Ce sont nos collègues palestiniens qui assurent le suivi de nos patients et effectuent des donations aux hôpitaux. Mi-juin, le Hamas prend le contrôle de la bande de Gaza. L'accès est très limité, le blocus israélien est instauré et un certain nombre de pénuries émergent, notamment en matériel chirurgical, en équipements spécialisés et en médicaments.
Lors des pics de violences, face à l'afflux de blessés, les patients ont été déchargés trop rapidement des hôpitaux publics et sans suivi ambulatoire. Lors de leurs évaluations, nos équipes rencontrent des dizaines de blessés avec des plaies infectées et de complications médicales graves. Plusieurs centaines de personnes ont besoin de soins spécialisés, mais les structures existantes ne sont pas en mesure de répondre à cette demande. De plus, la plupart des soins de kinésithérapie sont payants, ce qui limite d'autant l'accès à ces actes médicaux spécifiques. MSF décide de mettre en place une aide médicale directe.
Un programme de soins de réhabilitation (consultations, pansements, traitements antibiotiques et de la douleur) et ambulatoires de qualité, ainsi qu'un accompagnement en kinésithérapie est lancé en juillet 2007. Les patients se trouvant dans l'incapacité de venir jusqu'à notre dispensaire de Gaza ville sont suivis à domicile par des équipes médicales mobiles. En trois mois, 210 patients sont pris en charge, essentiellement des blessés par balle, des personnes jeunes, des civils.
2008 - Détérioration de l'offre de soins - Programme pédiatrique à Beit Lahia
Face à la paupérisation de la population, à la détérioration continuelle de l'offre de soins et à la surcharge de travail du seul hôpital pédiatrique du nord de la bande de Gaza, MSF ouvre, fin mars 2008, un programme pédiatrique à Beit Lahia. Soins, délivrance de traitements et suivi médical y sont proposés aux enfants de moins de 12 ans. En 2009, plus de 9 000 consultations y ont été menées. Les pathologies les plus fréquemment rencontrées sont des infections respiratoires, des carences en vitamines, des anémies et des diarrhées dues à la mauvaise qualité du traitement de l'eau et des déchets dans Gaza. D'autres acteurs intervenant désormais sur ce secteur, la situation pédiatrique s'est améliorée et ce programme a fermé en septembre 2009.
Mars 2008 - Offensive « Hiver chaud » - Prise en charge des blessés et petite chirurgie
En mars, en réponse à des tirs de roquettes contre Israël, l'armée israélienne pénètre et bombarde le nord de la bande de Gaza. L'offensive « Hiver chaud » fera environ 120 morts et 360 blessés, dont beaucoup de femmes et d'enfants. L'intensité des affrontements rend les mouvements difficiles. Dans son dispensaire de Gaza ville, MSF prend en charge des blessés et effectue de la petite chirurgie. Grâce à un stock d'urgence pré-positionné dans notre pharmacie centrale de Gaza ville, des donations de matériel médical et de médicaments essentiels (pansements, solutés intraveineux, médicaments anesthésiques, antibiotiques et antidouleurs) sont faites à des hôpitaux du Nord. Nos dispensaires se tiennent prêts à faire face à un afflux de patients, quand bien même ce nombre ne représenterait qu'une faible proportion des besoins globaux.
Août 2008 - Grève des travailleurs de santé - MSF dénonce la politisation du secteur de la santé
En août, une grève « totale » est déclarée par le syndicat palestinien des travailleurs de la santé, pris en étau dans le conflit d'intérêts opposant l'Autorité Palestinienne, basée à Ramallah, et les autorités de Gaza. Les conséquences sanitaires sont réelles, a fortiori pour une population déjà très éprouvée par des années de conflit. Avec un taux d'absentéisme de 50 à 80% du personnel hospitalier indispensable, ce mouvement concerne tout le système public. Les services de santé primaires - urgences, unités de soins intensifs et blocs opératoires - luttent pour maintenir un niveau correct de soins. La chirurgie spécialisée est totalement suspendue et les transferts de patients vers l'extérieur de la zone sont encore plus limités que d'habitude. Notre dispensaire pédiatrique voit le nombre de ses patients augmenter et nos équipes sont renforcées. MSF dénonce la politisation du secteur de la santé qui ne devrait pas avoir à pâtir des conséquences des conflits inter- palestiniens comme israélo-palestinien.
2009 - Offensive « Plomb durci » - Réponse pendant et après l'urgence
>> Lire l'article détaillé sur ce sujet
2010 - Accès aux soins spécialisés limité - Chirurgie réparatrice
En 2010, malgré son allègement, l'embargo qui pèse sur la bande de Gaza affecte le système de santé : retard dans la prise en charge des malades, accès aux soins spécialisés limité, qualité de la prise en charge médicale amoindrie. Les entrées de carburant sont aléatoires et les coupures de courant fréquentes. Pour y pallier, la population utilise des groupes électrogènes, des bouteilles de gaz de contrebande, des bougies et des lampes à pétrole : autant de sources d'accidents domestiques graves dont les victimes sont bien souvent les enfants.
MSF décide d'initier, début août et en collaboration avec les autorités sanitaires locales, un programme de chirurgie réparatrice à l'hôpital Nasser, situé au sud de Gaza. Il s'agit d'opérations chirurgicales de reprise, dites « froides », pour des personnes blessées, victimes de violences ou de brûlures domestiques ; de réduire la liste d'attente des patients en attente d'une chirurgie de ce type (plus de 500 patients doivent attendre entre 12 et 18 mois pour pouvoir être opérés) ; et de favoriser un transfert de compétences de notre équipe expatriée vers les équipes locales. Deux mois après l'ouverture de ce programme, 185 consultations et 51 opérations chirurgicales ont été menées.
Dr Annette Heinzelmann, responsable des programmes MSF dans les Territoires palestiniens depuis 2005
Actuellement, plusieurs centaines de patients nécessitent une opération de chirurgie réparatrice. La plupart sont des victimes de conflit(s) ; Certains attendent depuis plusieurs années ; Et les listes d'attente pour bénéficier de cette chirurgie très spécialisée sont longues. »
« Notre programme de chirurgie réparatrice a plusieurs objectifs : donner un accès aux soins des patients qui attendent depuis, pour une partie, plusieurs années pour bénéficier de ce type d'intervention spécialisée ; Et de travailler en collaboration avec nos collègues palestiniens pour permettre un transfert de compétences et leur apprendre certaines techniques qui leur manquent aujourd'hui. »