Le blocus de Gaza a en effet des répercussions économiques mais aussi sanitaires. Ainsi, les entrées aléatoires de carburant entravent l’alimentation et le bon fonctionnement de l’unique centrale électrique encore en fonctionnement à Gaza. Les coupures de courant sont quotidiennes et durent plusieurs heures. Pour y pallier, la population utilise des groupes électrogènes, des bouteilles de gaz de mauvaise qualité, des bougies, des lampes à pétrole… Autant de sources d’accidents domestiques graves dont les premières victimes sont souvent les femmes et les enfants.
Ainsi, depuis un peu plus de deux ans, nos équipes constatent une nette augmentation du nombre de personnes brûlées parmi nos patients. Or ces blessures sont très invalidantes et nécessitent une opération de chirurgie réparatrice, dite « de reprise », consécutive à la prise en charge initiale. Pour les cas particulièrement compliqués, une chirurgie hautement spécialisée est requise. Mais rares sont les patients qui obtiennent l’autorisation de sortir de Gaza pour pouvoir être opérés dans un pays tiers (Jordanie, Israël, Egypte…). Et les chirurgiens locaux spécialisés sont trop peu nombreux pour pouvoir répondre à la totalité des besoins.
Pour améliorer la prise en charge de ces patients, MSF a ouvert - en juillet 2010 - un programme de chirurgie réparatrice en collaboration avec l’hôpital public de Nasser, situé dans la ville de Khan Younis, au sud de Gaza. Les personnes brûlées représentent plus de 60% des patients pris en charge par nos équipes chirurgicales (chirurgiens, infirmiers de bloc et anesthésistes) qui, plusieurs fois par an, se rendent sur place pour effectuer des missions de court terme. Les autres patients nécessitant ce type de soins souffrent de conséquences d’accidents ou encore d’anomalies congénitales.
Un autre objectif majeur de ce programme est de favoriser le transfert de compétences vers les équipes médicales locales, elles aussi pénalisées par le blocus, comme en témoigne le Dr. Hassan Hamdan, chef du service de chirurgie de l’hôpital Nasser : « l’embargo a aussi un impact important sur nous, médecins et chirurgiens. Il est très difficile de se rendre à l’étranger pour y bénéficier de formations par exemple. La venue d’expatriés ici, à Gaza, est plus que bénéfique. Depuis deux ans, grâce à la coopération et aux échanges avec les équipes internationales de MSF, les choses s’améliorent et progressent. Chaque expatrié est source de bénéfice et d’expérience pour nous. »
Depuis le début de ce programme chirurgical, en 2010, 490 patients ont été opérés. En plus de dix ans dans ce contexte volatile et régulièrement soumis à des pics de violence, nos activités ont du évoluer et notre offre de soins se diversifier afin de répondre à l’émergence de nouveaux besoins : soins psychologiques, kinésithérapie, chirurgie…
Ainsi, début 2012, suite au passage de deux chirurgiens de la main, MSF a ouvert sa première unité dédiée à la kinésithérapie de la main afin de prendre en charge tous les patients nécessitant ce type de soins spécialisés. C’est en s’adaptant ainsi aux évolutions du contexte, que nous tentons de répondre, au mieux, aux besoins médicaux spécifiques – et sans réponse dans le système de Santé local – et aux conséquences, directes et indirectes, de la violence engendrée par les conflits israélo palestinien et inter palestinien.