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Burkina Faso : pendant la saison des pluies, les populations déplacées luttent contre le paludisme et les maladies hydriques

Vue d'un camp de personnes déplacées au Burkina Faso. 2021.
Vue d'un camp de personnes déplacées au Burkina Faso. 2021. © MSF/Seigneur Yves Wilikoesse

Depuis 2015, le Burkina Faso est plongé dans une crise sécuritaire et humanitaire qui a entraîné une dégradation fulgurante des conditions de vie des populations, notamment dans les régions du nord et de l’est du pays. En août 2021, plus de 1,4 million de personnes étaient considérées comme étant des déplacés internes, souvent après avoir fui les combats ou les attaques dans leur région d’origine. La saison des pluies participe à la détérioration des conditions de vies de ces populations précaires, qui doivent notamment faire face à la montée du paludisme : avec la multiplication des moustiques dans les eaux stagnantes, la maladie se propage encore plus facilement.

« Le pic des cas de paludisme se situe généralement entre juillet et août. Mais le nombre de cas reste en hausse jusqu’en octobre, et même au-delà dans certaines localités où la courbe épidémique amorce sa descente au cours du mois de février ou en mars », explique le docteur Ousmane Ouedraogo, support médical de MSF dans les régions du Nord et de la Boucle du Mouhoun. Cette année, entre les mois de janvier et août 2021, les équipes MSF ont traité plus de 128 000 cas de paludisme.

Pic de paludisme

En 2020, plus de 11 millions de cas de paludisme ont été enregistrés dans les structures sanitaires du pays, entraînant près de 4 000 décès, selon les chiffres du Programme national de lutte contre le paludisme au Burkina Faso. Si la maladie se densifie pendant la saison pluvieuse, et affecte  davantage les communautés, d'autres pathologies comme la dengue, transmise par le moustique-tigre, sont également plus présentes à la fin de l'année. Durant la première quinzaine de septembre, 2 506 cas suspects de dengue et 1 265 cas probables avaient déjà été  recensés par le ministère de la Santé.

Dans ce contexte, MSF déploie rapidement des réponses pour faire face aux pics sanitaires saisonniers. « Avec l’arrivée des pluies, les populations s’apprêtent à vivre une période difficile. Nos équipes sur le terrain s’emploient dans la mesure du possible à appuyer les activités de chimio-prophylaxie saisonnière mises en place par le ministère de la Santé, les distributions des moustiquaires, ainsi que la prise en charge des malades », explique le docteur Michel Madika, coordinateur médical pour MSF.

Les habitants du camp de personnes déplacées de Barsalogho sont contraintes de recourir à des eaux souillées pour leurs activités ménagères. Burkina Faso. 2021.
 © MSF/Seigneur Yves Wilikoesse
Les habitants du camp de personnes déplacées de Barsalogho sont contraintes de recourir à des eaux souillées pour leurs activités ménagères. Burkina Faso. 2021. © MSF/Seigneur Yves Wilikoesse

À Djibo, dans la région du Sahel, les pluies sont arrivées tardivement cette année. Les équipes médicales de MSF s’apprêtent donc à élargir leur intervention pour appuyer deux postes de santé avancés supplémentaires, en plus des deux déjà soutenus en temps normal, sur les sept que compte la ville. Avec plus de 228 000 personnes déplacées à Djibo, la ville enregistre aujourd’hui un nombre de personnes déplacées supérieur à sa population locale. Près de 20 % d'entre elles sont des enfants de moins de 5 ans. 

Maladie mortelle

L’insécurité environnante et la pression démographique limitent chaque jour un peu plus l’accès aux soins. Une enquête de mortalité réalisée entre les mois de janvier et de février 2021 dans les villages du district de Djibo montrait que le paludisme était la première cause de décès dans la zone. Il était responsable de près d’un quart des décès chez les moins de 5 ans et d'un décès sur dix chez les personnes de plus de 5 ans. Au paludisme et à la dengue, s’ajoute un autre problème majeur : l’exposition aux maladies hydriques, dues aux dégâts causés par les intempéries et les difficultés d’accès à l’eau potable.

« Nous savons que les eaux sales sont dangereuses, mais que pouvons-nous faire ? » s’interroge Aïbata, mère de 4 enfants, qui vit dans l’un des trois sites de déplacés de la ville de Barsalogho, située à 45 kilomètres de Kaya, dans la région du Centre-Nord. Dans les zones touchées par la crise humanitaire et sécuritaire, certains déplacés sont obligés d’utiliser des points d’eau souillés par des matières fécales. En juin 2021, selon l’agence des Nations unies responsable de la gestion de l’eau et de l’assainissement, moins d’un quart des personnes habitant ces régions auraient accès à une eau de bonne qualité. Et seuls 16 % des habitants du Burkina Faso auraient un accès à des latrines fonctionnelles et sécurisées.

Pour Séko Ouédraogo, Superviseur des activités de promotion de la santé pour MSF, les populations, bien qu’informées des risques, se disent contraintes devant la pénurie de l’eau : « Nous sensibilisons la population sur l’hygiène et les risques liés à l’utilisation des eaux sales pour les travaux ménagers. Ils connaissent les dangers, mais ils n’ont pas d’autres choix... » Cette situation est responsable de maladies hydriques, telles que la diarrhée ou le choléra, auxquelles s’ajoutent des cas de maladies pulmonaires et dermiques dues à la promiscuité et à la très grande humidité dans certains sites entourés par les zones inondables.

Notes

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